L'origine de Arbalète
Une invention phénicienne
Arme composée d'un arc d'acier monté sur un fût de bois, d'une corde et d'une fourchette. On la bande avec effort par le moyen d'un fer propre à cet usage. L'invention de l'arbalète est attribuée aux Phéniciens.
Les anciens avaient de grandes machines avec lesquelles ils jetaient des flèches, qu'ils appelaient arbalètes ou balistes. Le mot arbalète vient d'arbalista ou arcu-balista.
Adoptée par Richard Cœur-de-Lion puis Philippe-Auguste
Louis-le-Gros, aïeul de Philippe-Auguste, attaqua Drogon de Montjai avec une troupe d'archers et d'arbalétriers ; cependant l'usage de l'arbalète n'était pas encore universellement reçu. Le second concile de Latran, tenu sous Louis-le-Jeune, fils de Louis-le-Gros et père de Philippe-Auguste, défend, sous peine d'anathème, cette invention meurtrière des arbalétriers et archers. Mais enfin l'usage des arbalètes fut rétabli, d'abord en Angleterre par le roi Richard, dit Cœur-de-Lion, lequel fut bientôt imité par Philippe-Auguste.
Les chevau-légers
Outre l'exercice de l'arc, plusieurs villes de France ont encore en celui de l'arbalète. Les gendarmes — arbalétriers ont servi jadis de chevau-légers ; ils se distinguèrent tellement, qu'ils avaient un conducteur général nommé le grand-maître des arbalétriers. Matthieu de Beaune l'était sous saint Louis, en 1260 ; Étienne de la Beaume, Bourguignon, en 1338 ; et le dernier fut Aymard de Prie, mort en 1534.
La suppression de cette milice n'est pas fort ancienne : l'arc, l'arbalète et les flèches étaient encore en usage sous le règne de François Ier. Il avait à la bataille de Marignan, parmi ses gardes, une compagnie de deux cents archers à cheval qui firent merveille.
De grands services rendus
Brantôme parle des arbalétriers gascons de son temps : « A la journée de la Bicoque, en 1522, il n'y avait, dit-il, en notre armée qu'un seul arbalétrier, mais si adroit, que Jean de Cardonne, capitaine espagnol, ayant ouvert la visière de son armet pour respirer, l'arbalétrier tira sa flèche avec tant de justesse, qu'il lui donna dans le visage et le tua, etc. »
Les arbalétriers ont souvent rendu des services signalés à nos rois. Les arbalétriers de Saint-Quentin, Commandés par Raoul de Vermandois, volèrent, en 1108, au secours de Louis-le-Gros, le précipitèrent dans la mêlée, et amenèrent à ses pieds Thomas de Marle , seigneur de Couci, chef de la conjuration de plusieurs seigneurs français joints aux Anglais contre Louis.
Les arbalétriers accourus à l'armée de Philippe-Auguste contribuèrent au gain de la bataille de Bouvines en 1214 ; et en 1340, ils furent choisis pour la garde de la personne et du navire de Philippe VI, qui allait tenter une descente en Angleterre. En 1358, ils se signalèrent au siège de Saint-Valéry. En 1557, après la perte de la bataille de Saint-Laurent, l'armée victorieuse, forte de cent mille hommes, assiégea Saint-Quentin, où il n'y avait que 450 soldats. Les arquebusiers, qui avaient succédé aux arbalétriers, soutinrent pendant un mois les efforts de l'ennemi, et la ville ne fut emportée qu'après onze assauts. On ne finirait pas si l'on voulait rapporter tous les services rendus par cette milice de citoyens.
L'exercice à l'arbalète, tombé presque partout, fut remplacé par celui de l'arquebuse.