L'origine de Arc-en-ciel
Un phénomène jadis mystérieux
Un spectacle aussi magnifique que celui que présente ce phénomène a dû frapper les premiers humains et les saisir d'étonnement. Les hommes sauvés du déluge l'ont reçu comme un signe de paix de la part de Dieu, et les anciens en ont fait une divinité sous le nom d'Iris.
De Junon l'agile messagère
Glisse dans l'air sur une aile légère.
De ses couleurs le mélange éclatant
Brille à sa suite : il peint en un instant
L'immensité des célestes campagnes,
Descend en arc au-dessus des montagnes,
Touche les pins, les chênes, et paraît,
En l'éclairant, embraser la forêt.
(Malfilâtre, Narcisse, ch. IV)
La cause de ce météore, dit M. Dutens, n'était pas ignorée des anciens ; une comparaison dont se sert Plutarque fait voir qu'ils en avaient une idée presque aussi juste que nous.
Newton et la décomposition de la lumière
Antonio de Dominis, archevêque de Spalatro en Dalmatie, dans son livre intitulé De radiis visûs et lucis, imprimé à Venise en 1611, a le premier, du moins chez les modernes, expliqué les causes de ce météore ; mais il était réservé au célèbre Newton de mettre la matière dans son plus grand jour, en appliquant à ce phénomène sa découverte de la décomposition de la lumière et de la réfrangibilité propre à chaque espèce de rayon. Il s'assura que chaque rayon de lumière, quelque petit qu'il soit, est composé d'une infinité de rayons différemment colorés. On distingue dans leur infinité sept couleurs que l'on peut regarder comme primitives ; ces couleurs sont le rouge, l'orangé, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo, le violet ; ce sont du moins les seules dont les nuances marquées nous deviennent sensibles.