L'origine de Auto-da-fé
Dans les pays d'inquisition, est-il dit dans l'Encyclopédie, au mot acte de foi, en Espagne, auto—da-fé est un jour solennel que l'inquisition assigne pour la punition des hérétiques, ou pour l'absolution des accusés reconnus innocents.
Le déroulement de l'auto-da-fé
L'auto a lieu ordinairement un jour de grande fête, afin que l'exécution se fasse avec plus de solennité et de publicité ; on choisit le plus souvent un dimanche.
D'abord les criminels sont amenés à l'église, où on leur lit leur sentence de condamnation ou d'absolution. Les condamnés à mort sont livrés au juge séculier par les inquisiteurs qui le prient que tout se passe sans effusion de sang ; si les condamnés persévèrent dans leurs erreurs, ils sont brûlés vifs.
Dénoncé par Voltaire
C'est après avoir parlé de ce tribunal horrible, connu sous le nom de tribunal de l'inquisition, que Voltaire ajoute : Mais ces tristes effets de l'inquisition sont peu de chose en comparaison de ces sacrifices publics qu'on nomme auto-da-fé, actes de foi, et des horreurs qui les précèdent. C'est, dit cet écrivain célèbre, un prêtre en surplis, c'est un moine voué à la charité et à la douceur, qui fait, dans de vastes et profonds cachots, appliquer des hommes aux tortures les plus cruelles.
C'est ensuite un théâtre dressé dans une place publique, où l'on conduit au bûcher tous les condamnés, à la suite d'une procession de moines et de confréries. On chante, on dit la messe, et on tue des hommes. Un Asiatique qui arriverait à Madrid le jour d'une telle exécution, ne saurait si c'est une réjouissance, une fête religieuse, un sacrifice ou une boucherie ; et c'est tout cela ensemble.
Un doux inquisiteur, un crucifix en main,
Au feu, par charité, fait jeter son prochain ;
Et pleurant avec lui d'une fin si tragique,
Prend, pour s'en consoler, son argent qu'il s'applique,
Tandis que, de la grâce ardent à le toucher,
Le peuple, en louant Dieu, danse autour du bûcher.
Mais grâce, en nos jours, à la philosophie,
Qui de l'Europe, au moins, éclaire une partie,
Le mortels plus instruits en sont moins inhumains :
Le fer est émoussé, les bûcher sont éteints.
(Voltaire)
Les rois, dont ailleurs la seule présence suffit pour donner grâce à un criminel, assistent à ce spectacle, sur un siège moins élevé que celui de l'inquisiteur, et voient expirer leurs sujets dans les flammes. On reprochait à Montézuma d'immoler des captifs à ses dieux ; qu'aurait-il dit s'il avait vu un auto-da-fé ?