L'origine de Aventurier
Ce mot, qui ne se prend guère aujourd'hui qu'en mauvaise part, pour signifier un vagabond, un homme sans aveu, désignait autrefois un homme hardi, entreprenant, qui cherchait les entreprises difficiles, les aventures dangereuses, qui se distinguait par des exploits militaires.
Une milice indisciplinée
Il s'éleva, sous Louis XI, une milice de gens levés dans les villes et dans les villages, qui furent nommés aventuriers, parce qu'ils allaient, comme dit Cl. Fauchet, chercher leur aventure par fortune de guerre. Cette milice, dont nos historiens nous apprennent les excès et l'indiscipline, fut supprimée, en 1558, sous Henri II, qui leva des troupes auxquelles il donna le nom de légions, et qui ne différaient en rien des corps qu'on a appelés depuis régiments.
« Nos armées, dit la Curne de Sainte-Palaye (Mémoire sur l'ancienne chevalerie, tom. III), étaient jadis, comme aujourd'hui, composées d'une espèce de cavalerie légère ; mais cette cavalerie n'observait aucune discipline. Ceux qui s'enrôlaient dans cette milice étaient, pour l'ordinaire, des hommes sans ressources et accablés de dettes ; un désespoir aveugle les précipitait au milieu des combats. Ils se donnaient un chef sous lequel ils vivaient indépendants de toute autre puissance. En temps de guerre, ils se vendaient aux princes qui les payaient le mieux, aussi ne les ménageait-on guère ; dans les batailles, ils étaient toujours placés aux endroits les plus périlleux ; dans les marches, ils allaient en avant et battaient la campagne.
Ces farouches guerriers répandaient partout la terreur et la désolation, partout ils portaient le fer et la flamme, et des traces de sang marquaient leur passage dans tous les lieux où ils dirigeaient leur marche. En temps de paix, ils vivaient de ce qu'ils enlevaient aux gens de la campagne, dont ils étaient perpétuellement le fléau. Ils se répandaient tantôt dans une province et tantôt dans une autre ; ils étaient continuellement en armes, et s'honoraient du titre d'aventuriers. »