L'origine de Boussole


L'étymologie du mot Boussole

M. Eloi Johanneau, en cherchant l'origine du mot boussole avec la sagacité qu'on lui connaît, a cru découvrir que le nom comme la chose appartient aux Italiens. « Il est certain, dit ce profond étymologiste (Mélanges d'origines étymologiques), que l'italien bussola, qui a donné boussole, vient de l'italien bossolo, boîte, qui vient lui-même immédiatement de l'italien bosso, buis. J'en conclus que, par une sorte de proportion grammaticale, les mots italiens bussola, boussole, et bossolo, boîte, sont à bossolo ou bosso, buis, comme le latin et le grec pyxis, boîte, sont au grec pyxos et au latin buxus, buis ; que par conséquent, il paraît certain que le mot boussole, qui a une physionomie toute italienne et l'empreinte du génie de cette langue dans sa formation et sa dérivation, dans son radical et sa finale, lui doit son origine, et signifie une petite boîte de buis.


Une invention très ancienne et indéterminée

L'étymologie est donc ici d'accord avec l'histoire et la tradition, qui veulent que la boussole soit en effet d'origine italienne. Il semble cependant que la boussole est bien antérieure à l'italien Flavio Gioja, qui passe pour l'avoir inventée, vers l'an 1300, à Amalfi, dans le royaume de Naples. Cette opinion prouve seulement que la boussole était connue dans cette ville à cette époque, et qu'on n'en trouve pas de traces plus anciennes ailleurs.

« L'on veut, dit M. Dutens (Origines des découvertes attribuées aux modernes), que les Égyptiens, les Phéniciens et les Carthaginois n'aient pas ignoré la direction de l'aimant vers le pôle septentrional, et qu'ils aient employé la boussole pour se guider dans leurs longs voyages de mer ; mais qu'ensuite l'usage s'en soit perdu. Le jésuite Pinéda, Espagnol, et Kircher même, ont prétendu que Salomon avait aussi connu la boussole, et que ses sujets s'en étaient servis pour aller à la terre d'Ophir. On allègue même un passage de Plaute, dans lequel on veut qu'il ait eu dessein de parler de la boussole ; mais je renonce à seconder les vues de ces auteurs sur cette particularité, ne trouvant aucun passage précis chez les anciens qui puisse appuyer leurs prétentions. »

M. Bailly prétend que la boussole a été connue à la Chine dans une très haute antiquité. M. de Lalande dit qu'on croit qu'elle y était connue 244 ans avant J.-C. Elle fut aussi connue des anciens Grecs ; mais il ne paraît pas qu'on ait découvert en Europe, avant l'an 1100, la propriété qu'a l'aimant de se diriger vers le nord. On apprend par un poète du XIIe siècle, Guyot de Provins, que les pilotes français faisaient usage d'une aiguille aimantée qu'ils appelaient la marinette : il est vrai qu'on croit aussi que Paul, Vénitien, l'avait apportée de la Chine. Barbazan dit positivement que ce mot, marinette, n'existe point dans la Bible Guyot, et qu'au lieu de dire avec Fauchet :
Par la vertu de la marinette,
Une pierre laide et noirette.

il faut lire,
Par la vertu de la manière,
Une pierre laide et brunière.


La boussole redécouverte au XIIe siècle

La vertu directive de l'aimant, qui a donné naissance à la boussole proprement dite, n'a donc été connue en Europe que vers le XIIe siècle ; et si cette heureuse découverte avait déjà été faite par les anciens, il est vrai de dire qu'elle avait été, pendant des siècles, entièrement oubliée ; et, dans ce XIIe siècle, l'instrument, dont on se servait dans la navigation, consistant en une aiguille aimantée qu'on plaçait sur une petite nacelle de liège, il est aisé de sentir combien cette machine, sujette à l'agitation de la mer, était peu sûre et peu commode.


Le perfectionnement de la boussole

Mais c'est du commencement du XIVe siècle que date l'invention de la boussole proprement dite, ou, si l'on aime mieux, de la boussole perfectionnée. Un Napolitain, nommé Flavio Gioja, imagina, en 1302, de suspendre sur un pivot le milieu d'une aiguille aimantée, le tout placé dans une boîte, afin que se balançant librement, elle suivit la tendance qui la ramène vers le pôle. Dans la suite on la chargea d'un carton divisé en trente-deux rumbs de vents, qu'on nomme la rose des vents, et l'on suspendit la boîte qui la porte, de manière que, quelque agitation qu'éprouvât le vaisseau, elle restât toujours horizontale.

En 1797, un journal de Naples a annoncé qu'on avait trouvé en Angleterre le moyen de faire des aiguilles aimantées qui n'avaient pas de déclinaison, et dont l'inclinaison était si régulière, qu'on pouvait s'en servir pour découvrir les latitudes. On a remarqué que la déclinaison de l'aiguille aimantée, depuis 1550 jusqu'en 1554, a été orientale ; qu'en 1666 elle était précisément au pôle, et que depuis cette époque elle est occidentale.

M. William Clarke, à Chatam, a inventé un compas de mer d'après un principe entièrement nouveau. La boussole consiste en quatre branches, ou pôles, placées aux angles droits et se réunissant dans un même centre. Les deux pôles nord se trouvent nord-ouest et nord-est, et les deux pôles sud, sud-est et sud-ouest de la carte marine, qui place les quatre points cardinaux droit entre les angles du compas. Toutes les expériences faites jusqu'ici avec cette boussole ont prouvé qu'elle possède les principes de polarité et de stabilité, plus que toutes les autres boussoles dont on se sert communément.

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