L'origine de Calendrier
Calendrier, du latin calendarium, qui a été formé de calendœ, calendes, mot qui chez les Romains signifiait le premier jour de chaque mois ; au propre, catalogue qui indique le retour de toutes les fêtes tant mobiles qu'immobiles.
Il y a différentes espèces de calendriers, adaptés aux usages variés de la vie, savoir, le calendrier romain, le calendrier julien, le grégorien, le réformé et le calendrier français ou perpétuel.
La mesure du temps
La mesure du temps, chez tous les peuples, a été déterminée par la durée de la révolution que la terre fait sur son axe, et de là les jours ; par celle que la lune emploie à tourner autour de la terre, d'où l'un a compté par lune ou par mois lunaires ; par celle où le soleil paraît dans un des signes du zodiaque, et ce sont les mois solaires ; et enfin par le temps qu'emploie la terre à tourner autour du soleil, ce qui forme l'année.
Ce n'est qu'en mesurant le temps, qu'en déterminant la durée et la division des mois de l'année, qu'on peut régler la vie civile, ce n'est qu'en étudiant l'ordre des saisons qu'on peut utilement se livrer aux travaux de l'agriculture ; aussi pense-t-on que, dès le premier âge, on a dû avoir quelque méthode pour mesurer, pour diviser le temps. Le calcul que Moïse nous donne de la durée de la vie des premiers patriarches, et la manière dont il explique les circonstances du déluge, ne permettent pas d'en douter, ainsi que la remarque en a été faite par Goguet.
La distribution des mois et des jours dans l'année
Toute l'antiquité, dit encore cet auteur, convient que les Égyptiens ont été les premiers qui aient donné une forme certaine à leur année. Ils l'avaient distribuée en douze mois, dit Hérodote, par la connaissance qu'ils avaient des astres. Ces mois n'avaient pour toute dénomination, dans les commencements, que celle de premier mois, second mois, ainsi du reste jusqu'au douzième.
Il n'est pas possible, ajoute-t-il, de déterminer la forme que l'année de douze mois a eue originairement chez les Égyptiens. A-t-elle été purement lunaire, c'est-à-dire de 354 jours ? ou l'ont-ils composée de 360 dès le moment de son institution ? C'est ce qu'on ne peut décider ; on voit seulement que l'année de 360 jours devait être d'un usage très ancien en Égypte. Elle avait été réglée ainsi dès avant Moïse. Nous n'en saurions douter, puisque c'est d'une pareille année que le législateur des Juifs s'est servi pour compter celles du monde, et en particulier celle du déluge.
Le calendrier des Grecs
Les Grecs, comme dit Goguet, partageaient d'abord le mois en trois parties, chacune de dix jours. La première dizaine s'appelait la dizaine du mois commençant ; la seconde dizaine, celle du mois qui est au milieu, et la troisième, celle du mois finissant.
La première dizaine se comptait de suite ; ainsi on disait le premier, le second, le troisième, etc., du mois commençant. Mais, comme les Grecs ne comptaient jamais le quantième au-dessus de dix, quand ils voulaient, par exemple, exprimer le 16, ils disaient le second sixième, c'est-à-dire le sixième jour de la seconde dizaine. Il en était de même pour la troisième dizaine : au lieu de dire le 24, ils devaient dire le troisième quatrième. Telle était encore la manière de compter des Grecs du temps d'Hésiode.
Les Grecs eurent aussi par la suite une période de quatre années révolues par laquelle ils comptaient, et qu'ils nommaient olympiade. L'ère commune des olympiades commence au solstice d'été de l'an du monde 3228, et 776 ans avant Jésus-Christ.
Les Athéniens, comme presque tous les Grecs, avaient adopté l'année lunaire, qui était plus courte de onze jours et six heures que celle du soleil, ce qui les obligeait d'intercaler, c'est-à-dire d'ajouter onze jours et six heures à chaque année. Ces intercalations étaient cause que leur calendrier ne pouvait recevoir d'établissement certain et immuable.
Le calendrier des Romains
Le calendrier des Romains était aussi sujet aux variations que celui des Grecs. Leur année était lunaire ; ils avaient, comme eux, recours aux intercalations de jours et de mois. L'irrégularité du calendrier devait à la longue opérer un changement qui fît passer le mois de janvier d'une saison à l'autre et cette confusion dura jusqu'à l'établissement du calendrier julien dont nous allons parler.
« Appelé à Rome par Jules César, dit M. Toulotte (Histoire philosophique des empereurs romains), Sosigènes, Égyptien versé dans les hautes sciences, détermina l'étendue de l'année solaire. On régla l'année civile sur le cours du soleil. Elle prit le nom d'année julienne, et s'ouvrit l'an de Rome 708, et 44 ans avant l'ère vulgaire. L'année de Numa était de 355 jours. Sosigènes ayant observé qu'il manquait à cette année dix jours et six heures, on la fit de 365 jours, et l'on eut, tous les quatre ans, un jour de plus. Cette distribution du temps fut suivie pendant quinze siècles, quoiqu'elle donnât annuellement sur la véritable année solaire et tropique un excédant qui devait troubler, dans la suite, l'ordre des saisons. »
La réforme du calendrier
Dans le XIe siècle, les Persans ayant secoué le joug des califes, donnèrent une nouvelle forme à leur calendrier, par les soins de l'astronome Omar-Cheyam. Il était fondé sur une intercalation ingénieuse, qui consistait à faire six années bissextiles tous les 33 ans.
Le cardinal Pierre d'Ailly, surnommé l'aigle des docteurs de la France, présenta au pape Jean XXIII, dans un synode tenu à Rome en 1412, un traité sur la réforme du calendrier. Les conciles de Bâle et de Constance, auxquels ce projet fut soumis, ne décidèrent rien.
En 1475, Sixte IV songea sérieusement à cette réforme ; il consulta Jean Muller, plus connu sous le nom de Regio Montanus, qui mourut l'année suivante ; et ce projet en resta là. il fut repris, en 1516, par Léon X ; il en fut aussi question au concile de Trente ; mais ce fut le pape Grégoire XIII qui eut la gloire d'achever l'entreprise, en 1582, avec le secours de Louis Lilio, habile mathématicien italien.
Pour rétablir l'harmonie entre l'aunée civile et le cours du soleil, on rejeta dix jours de l'année 1582, qui ne fut que de 355 jours, et il fut décidé que trois années séculaires, qui d'après le calendrier julien devaient être bissextiles, seraient communes, et que dans la quatrième année séculaire seulement on intercalerait un jour. Les peuples catholiques adoptèrent ce calendrier.
Le rejet du calendrier grégorien par les protestants
L'esprit de secte, toujours opposé aux progrès des lumières, fit rejeter longtemps par l'Allemagne, la Suède, le Danemark et les autres états protestants, ainsi que par les Grecs modernes et les Russes, le présent qu'un Pontife faisait au monde civilisé.
Cédant aux représentations d' Erhard Weigel, professeur de mathématiques à Jena, les états protestants d'Allemagne arrêtèrent, en septembre 1699, que du 18 février 1700 on passerait immédiatement au 1er mars. La même chose se fit en Hollande, au Danemark et en Suisse. Les Anglais ne suivirent cet exemple qu'en 1752, en passant du 20 août au 1er septembre ; et les Suédois, en 1753, en finissant le mois de février avec le 17. Ce ne fut cependant qu'en 1777 que les états protestants adoptèrent définitivement en totalité le calendrier grégorien.