L'origine de Cartes à jouer


Une invention espagnole ?

Ces cartes, suivant MM. Boissonnade et Eloy Johanneau, sont beaucoup plus anciennes qu'on ne le croit communément.
Suivant le premier (Journal de l'Empire), « elles ne furent pas inventées pour amuser la mélancolie de Charles VI, comme dit M. Née de la Rochelle, après le P. Ménestrier, le P. Daniel, les encyclopédistes, le comte de Tressan, Villaret et bien d'autres : elles étaient connues en France sous Charles V. Le petit Jehan de Saintré ne fut honoré de la faveur de ce prince, que parce qu'il ne jouait ni aux cartes ni aux dés.
On les trouve en Espagne vers 1330. On lit dans le quatrième volume du Dictionnaire espagnol de l'académie de Madrid, que les cartes à jouer furent inventées par Nicolas Pepin, et que le mot naipes, qui est leur nom espagnol, a été formé des lettres N P, qui sont les initiales des deux noms de l'inventeur. Dans les statuts de l'ordre de la Bande, formé en Espagne vers 1332, par Alphonse XI, les jeux de cartes sont prohibés, etc. »


Une origine très ancienne

M. Johanneau, dans une savante dissertation en forme de lettres, adressée à M. Boissonnade (Mélanges d'origines étymologiques), assigne aux cartes à jouer une origine bien plus ancienne encore. Il s'appuie d'un passage de Papias, lexicographe du XIe siècle, passage trouvé dans Ducange, et qui prouve, selon M. Johanneau, que le mot mappa a signifié, entre autres choses, carte à jouer : « Ce passage, qui n'a pas encore été remarqué, je pense, et qui est évidemment relatif à ces cartes, fait remonter par conséquent leur origine trois siècles au moins au-delà de l'époque assignée par l'abbé Rive.
L'abbé de Longuerue, l'homme de France qui peut-être a su le plus de choses, avait vu un jeu de cartes, telles qu'il prétendait qu'elles étaient dans l'origine : elles avaient 7 à 8 pouces de longueur ; on y voyait un pape, des empereurs, et les quatre monarchies qui combattaient les unes contre les autres. Mais ce que l'abbé de Longuerue a vu ne serait-il pas plutôt un jeu de tarots ?

Ce qu'il y a de certain c'est que, si les cartes étaient déjà connues en France sous Charles V, elles ne devaient pas y être communes à cause de la dépense que leur peinture devait occasionner, puisque l'art de graver sur le bois était encore ignoré; et l'on sait qu'en 1390, la chambre des comptes passa une somme considérable pour le jeu de cartes qui fut apporté en France pour amuser, dans les intervalles de sa maladie, Charles VI alors en démence.


Les cartes à jouer françaises

Sous le règne suivant, un peintre français, nommé Jacquemin Gringonneur, en inventa de particulières à la France. Argine, nom de la dame de trèfle, est l'anagramme de regina : c'était la reine Marie d'Anjou, femme de Charles VII. Rachel, la dame de carreau, était Agnès Sorel. La dame de pique, sous le nom de la guerrière Pallas, désignait la Pucelle d'Orléans ; et Isabeau de Bavière était représentée par la dame de cœur, sous le nom de l'impératrice Judith, princesse très galante. Dans David enfin, qui est le roi de pique, on reconnaît aisément Charles VII, persécuté par son père, comme David par Saül, et obligé, comme lui, de se défendre contre un fils rebelle.
Les quatre valets, Ogier, Lancelot, La Hire et Hector, sont des personnages historiques. Les deux premiers étaient des héros ou des braves du temps de Charlemagne. Hector de Galand et La Hire étaient deux capitaines distingués sous Charles VII. Le titre de valet, anciennement Varlet, était un grade qui menait à celui de chevalier.
Les quatre valets représentaient la noblesse ; toutes les autres cartes, depuis le dix, désignaient les soldats ; les couleurs mêmes étaient des emblèmes militaires. Par le cœur, il faut entendre la bravoure, les armes par le pique et les carreaux ; enfin, par le trèfle, les fourrages, qu'un général doit avoir en vue lorsqu'il place son camp. On prétend aussi que l'as est le symbole des finances, qui sont le nerf de la guerre. C'était en effet le nom d'une monnaie chez les Romains, et même ils appelaient as tout le bien que possédait un citoyen.

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