L'origine de Char
Dans le dixième tome du Recueil des historiens des Gaules, par D. Bouquet, qui contient les monuments appartenant aux règnes de Hugues-Capet et de Robert son fils, on trouve carrum, carretum, earrada, du mot tudesque karr, d'où sont venus les mots char, charretée, charrette.
Toutes les voitures avaient autrefois le nom de char ; maintenant on ne le donne qu'à celles qui sont traînées avec magnificence et dont on se sert dans les fêtes publiques.
Dès l'Antiquité
Les uns attribuent l'invention des chars à Erichthonius, roi d'Athènes, d'autres à Tlépolème on à Trochilus ; quelques uns en font honneur à Pallas. Ce qui paraît certain, c'est que l'usage des chars est fort ancien ; il subsistait plus de trois mille ans avant l'ère chrétienne, puisqu'il est dit que Salomon en entretenait un très grand nombre pour promener ses sept cents femmes et ses trois cents concubines.
Plusieurs nations ont disputé à l'Egypte la gloire atroce d'avoir inventé les chariots armés de faux ; Xénophon en fait honneur à Cyrus, Ezéchias à un roi de Macédoine, et Ctésias à Sémiramis.
Les différents chars
Les principaux chars des anciens, que l'on remarque sur les monuments, sont les chars armés de faux, les chars pour la course, les chars de triomphe et les chars couverts. Les premiers n'étaient que pour la guerre. Autant qu'on peut en juger par les anciens monuments, ces chars n'avaient que deux grandes roues auxquelles les faux étaient adaptées ; on armait aussi le timon de fortes pointes, et le derrière du char était garni de morceaux de fer tranchants, pour empêcher que l'on y montât. Les chars pour la course étaient une espèce de coquille montée sur deux roues, plus haute par-devant que par-derrière, avec un timon fort court, auquel on attachait quatre chevaux de front. Les chars de triomphe avaient une forme ronde : le triomphateur se tenait debout, et conduisait lui-même les chevaux.
Utilisés dans diverses cérémonies
On se servait aussi de ces chars dans d'autres cérémonies ; on y portait les images des dieux dans les jours de supplications ou prières publiques ; on y plaçait les statues de ceux dont on faisait l'apothéose, et des familles illustres qui assistaient à la fête. Les consuls qui entraient en charge y étaient également conduits. On y attelait deux chevaux. L'histoire remarque cependant que Camille entra ainsi triomphant dans Rome, pompe qui devint ordinaire par la suite, mais qui, cette fois, blessa des yeux républicains.
Sous les consuls, les chars étaient dorés ; sous les empereurs, ils furent d'ivoire, ou même d'or ; on les arrosait de sang pour leur donner un air martial. Les chars couverts étaient distingués des autres par un dôme cintré ; ils étaient à l'usage des pontifes et vraisemblablement des femmes.