L'origine de Climatérique
Le père Labbe dérive ce mot du grec klimax, échelle, dont la racine serait klima, inclinaison ; « d'autant, dit-il, que les grands changements dans la vie des hommes arrivent comme par autant de degrés de sept en sept, ou de neuf en neuf ans, et principalement au soixante-troisième, qui est appelé par préciput l'année climatérique, parce qu'elle est plus dangereuse que les autres, à cause du concours de sept et de neuf. »
Une origine chaldéenne
Les Chaldéens eurent les premiers cette opinion ; ils la fondaient sur ce que chaque planète ayant une année pour dominer sur le corps, celle de Saturne était
trop malfaisante pour ne pas lui faire éprouver une révolution dangereuse. Cette origine prouve le peu d'utilité de la découverte.
On sait que c'est le nom que les anciens astrologues et les médecins ont donné à certains périodes de la vie humaine, auxquels ils prétendaient qu'il se faisait des révolutions considérables dans la santé et la constitution des hommes. Auguste s'applaudissait d'avoir passé sans accident cette année fatale. Il vécut encore deux fois sept ans après, car il ne mourut que dans sa soixante-dix-septième année.
A soixante-trois ans un larron fut pendu ;
Ce que maître Blaire ayant su,
Il dit d'un air mélancolique :
Juste ciel ! voilà donc encore un homme mort,
Tout juste à cet âge critique !
Qu'on dise à présent que j'ai tort
De craindre ma climatérique.
La composition d'une climatérique
Bodin applique les nombres climatériques aux états, aussi bien qu'à la vie de l'homme ; il cite plusieurs révolutions arrivées dans les nombres composés des septenaires, des novenaires, de leurs carrés, de leurs cubes, et des combinaisons de ces nombres simples avec leurs puissances.
La question serait de savoir de combien d'années se compose chacune de ces climatériques. On cite l'exemple des malheurs du règne de Henri IV, qui fut le soixante-troisième roi de France, à compter, avec du Tillet, de l'enfant posthume de Louis Hutin. C'est à quoi Malherbe fait allusion par ces vers :
Et mentiront les prophéties
De tous ces visages pâlis,
Dont la vaine élude s'applique
A trouver la climatérique
De l'éternelle fleur de lis.