L'origine de Coteaux
Les chevaliers de l'ordre des coteaux
Nom badin qui, dans le XIIe siècle, avait été donné aux gens d'un goût fin et délicat ; qui non seulement savaient distinguer les meilleurs vins, et de quel coteau ou de quel vignoble ils venaient, mais qui avaient la même délicatesse de goût pour tout ce qui appartient à la bonne chère. Un profès de l'ordre des coteaux, ou simplement un coteau, était un gourmand du premier ordre, en faisant entrer dans cette idée tout ce qui fait les délices de la table.
Surtout certain hâbleur, à la gueule affamée,
Qui vint à ce festin conduit par la fumée,
Et qui s'est dit profès dans l'ordre des coteaux,
A fait, en bien mangeant, l'éloge des morceaux.
(Boileau)
Ces hommes admirables,
Ces petits délicats, ces vrais amis de table.
Et qu'on en peut nommer les digues souverains,
Savent tous les coteaux où croissent les bons vins ;
Et leur goût leur ayant acquis cette science,
Du grand nom de coteaux on les appelle en France.
(De Villiers)
Les trois coteaux
Voici comme on rapporte l'origine de ce sobriquet plaisant donné à de bons convives :
« Un jour que M. de Saint-Evremont mangeait chez M. de Lavardin, évêque du Mans, cet évêque se prit à le railler sur sa délicatesse, et sur celle du comte d'Olonne et du marquis de Bois-Dauphin. Ces messieurs, dit ce prélat, outrent tout à force de vouloir raffiner sur tout. Ils ne sauraient manger que du veau de rivière ; il faut que leurs perdrix viennent d'Auvergne... et pour le vin, ils n'en sauraient boire que des trois coteaux, d'Aï, d'Haut-Villiers et d'Avenay. M. de Saint-Evremont ne manqua pas de faire part à ses amis de cette conversation... Ils répétèrent si souvent ce qu'il avait dit des coteaux, et en plaisantèrent en tant d'occasions, qu'on les appela les trois coteaux.
M. Desmaizeaux remarque dans le même endroit que le P. Bouhours, M. Ménage et M. Despréaux se sont trompés sur l'origine du nom de coteaux. » (Œuvres de Boileau)