L'origine de Cri d'armes (ou cri de guerre)
Le cri d'armes, dit M. Blanchard (Beautés de l'Histoire de France, 1813), était une clameur belliqueuse prononcée au commencement ou au fort du combat par un chef ou par tous les soldats ensemble, suivant les rencontres. Le cri de la maison royale de France était Mont-Joie ! saint Denis ! Ce cri servait aussi aux chevaliers pour se faire connaître dans les batailles et dans les tournois.
Dès l'Antiquité
On trouve dans l'antiquité des traces de cette coutume, et surtout bien expressément dans l'Écriture, au livre des Juges, où Gédéon donna, pour mot ou cri de guerre, aux soldats qu'il menait contre les Madianites, ces paroles : Domino et Gedeoni! au Seigneur et à Gédéon.
Les cris de guerre au combat
Chez les modernes, le cri de guerre et la bannière servaient à mener les troupes à la guerre et à les rallier. « L'écuyer d'honneur, dit La Curne de Sainte-Palaye, portait à la guerre la bannière de son maître, et criait le cri d'armes du même seigneur. » Il y avait donc autant de cris qu'il y avait de bannières ou d'enseignes ; mais, outre ces cris particuliers, il y en avait un général pour toute l'armée, et c'était celui du général, ou du roi, quand il s'y trouvait en personne. Quelquefois il y avait deux cris généraux dans une même armée, lorsqu'elle était composée de deux différentes nations : ainsi, dans la bataille donnée entre Henri de Transtamare et Pierre-le-Cruel, en 1369, les Espagnols du parti de Henri crièrent : Castille au roi Henri ! et les Français auxiliaires, commandés par Bertrand Du Guesclin, prirent pour cri : Notre-Dame, Guesclin ! Le cri général se faisait unanimement par tous les soldats en même temps, à l'instant de la mêlée, tant pour implorer l'assistance du ciel que pour s'animer au combat les uns les autres ; et les cris particuliers servaient aux soldats à s'entre-reconnaître, et aux chefs à démêler leurs soldats, à les tenir serrés autour de leur bannière ou à les rallier en cas de besoin.
Les cris d'armes aux tournois
Dans les tournois, c'étaient les hérauts d'armes qui faisaient le cri, lorsque les chevaliers étaient près d'entrer en lice. Le cri de la famille appartenait toujours à l'aîné ; et les puînés ne prenaient le cri de leur maison qu'en y ajoutant le nom de leur seigneurie.
La fin du cri de guerre
Charles VII ayant établi des compagnies d'ordonnances vers l'an 1450, et dispensé les seigneurs bannerets d'aller à la guerre accompagnés de leurs vassaux, le cri d'armes a cessé d'être en usage ; il ne s'est conservé que dans les armoiries, auxquelles on a souvent joint le cri de la maison.