L'origine de Encens
« L'encens, dit M. Castel (Les Plantes), est une gomme-résine qui découle par incision d'un arbre que produit l'Arabie heureuse. Cette précieuse substance a eu dans tous les temps le privilége de servir au culte de la divinité. Nous n'en connaissons pas mieux l'arbre qui nous la donne. Théophraste et Pline ont laissé d'assez longs détails sur la manière de la recueillir ; aucun des deux n'a décrit le végétal d'où elle sort. Théophraste pense que c'est une espèce de laurier ; Linné soupçonne qu'il appartient plutôt à la famille des genevriers. »
La manière de recueillir l'encens
M. Helliez, dans sa Géographie de Virgile, sans nous instruire davantage sur la nature de cet arbre, entre dans des détails assez curieux sur la manière de recueillir l'encens :
« On tire l'encens de l'arbre qui le produit par une incision qu'on fait à l'écorce dans les plus grandes chaleurs de l'été, où la sève est la plus abondante. La liqueur qui en sort se fige en tombant et se met en larmes rondes, d'un blanc tirant sur le jaune. L'encens, qu'on recueillait par des incisions faites à l'arbre au commencement du printemps, était de moindre qualité. Au reste on ne faisait pas cette précieuse récolte sans s'exposer à de grands dangers, soit à cause de la mauvaise qualité de l'air qu'on respirait dans ce canton, soit à cause des serpents qui l'infestaient. Ils s'élançaient sur les travailleurs, et leur morsure était mortelle et incurable ; ce qui fit appeler ce pays (le pays des Sabéens) la région de la mort, Hatsamuth, puis Hadramur. C'est pourquoi on n'employait à recueillir l'encens que des esclaves ou des gens condamnés à mort. »
L'usage de l'encens dans les temples
D'ailleurs les Grecs, les Arabes, et presque tous les peuples ont connu l'encens ; ils en brûlaient dans les sacrifices et en parfumaient les temples.
Lorsque les fidèles ne pouvaient encore célébrer les saints mystères que dans des lieux souterrains, humides et malsains, on chercha à dissiper la mauvaise odeur que produisait l'haleine de tant de personnes renfermées dans ces lieux, par l'odeur de l'encens ou de quelque autre parfum.
Quand le christianisme fut établi sur les ruines du paganisme, l'usage de l'encens continua, pour porter les chrétiens à élever leurs pensées vers le ciel avec la fumée de l'encens. Puis cette oblation, de religieuse qu'elle était, devint honorifique. On offrit l'encens aux princes de la terre et aux ministres de Dieu. Le premier exemple de cette profanation eut lieu en faveur des empereurs de Constantinople.