L'origine de Enchantement
L'étymologie du mot Enchantement
Ce mot est dérivé du latin in et canto (je chante), soit que dans l'antiquité les magiciens eussent coutume de chanter leurs conjurations et exorcismes magiques, soit que les formules de leurs enchantements fussent conçues en vers, et l'on sait que les vers étaient faits pour être chantés. Cette dernière conjecture paraît d'autant plus vraisemblable, qu'on donnait aussi aux enchantements le nom de carmina (vers), d'où nous avons fait charmes.
A l'origine des couronnes de feuilles des divinités
Rien, selon-M. Pluche, n'est plus simple que l'origine des enchantements. « Les feuillages ou les herbes dont on couronna dans les premiers temps la tête d'Isis, d'Osiris, et des autres symboles, n'étaient eux-mêmes que des symboles de la récolte abondante, et les paroles que prononçaient les prêtres, que des formules de remerciement pour les dons de la divinité. Peu à peu ces idées s'affaiblirent dans l'esprit des peuples, s'effacèrent et se perdirent entièrement ; et ils prirent l'idée de l'union de certaines plantes et de quelques paroles, devenues surannées et inintelligibles, pour des pratiques mystérieuses éprouvées par leurs pères. Ils en firent une collection, et un art par lequel ils prétendaient pourvoir presque infailliblement à tous leurs besoins.
L'union qu'on faisait de telle ou telle formule antique, avec tel ou tel feuillage arrangé sur la tête d'Isis, autour d'un croissant de lune ou d'une étoile, introduisit cette opinion insensée, qu'avec certaines herbes et certaines paroles on pouvait faire descendre du ciel en terre la lune et les étoiles. Ils avaient des formules pour tous les cas, même pour nuire à leurs ennemis ; on en voit du moins la preuve dans les poètes. La connaissance de plusieurs simples, bien ou malfaisants, vint au secours de ces invocations et imprécations assurément très impuissantes ; et les succès de la médecine ou de la science des poisons aidèrent à mettre en vogue les chimères de la magie. » (Histoire du Ciel).
L'introduction des enchantements dans différents domaines
Les enchantements se sont introduits de si bonne heure dans la médecine, que toutes les nations les ont pratiqués de temps immémorial. Hammon, Hermès, Zoroastre, passaient parmi les païens pour les auteurs de cette pratique médicinale. Pindare dit que Chiron le centaure traitait toutes sortes de maladies par le même secours ; mais ce fut chez les Hébreux surtout que cet usage trouva des sectateurs.
Hippocrate contribua merveilleusement par ses lumières à effacer de l'esprit des Grecs les idées qu'ils avaient sur la vertu des enchantements.
Les Romains, si nous en croyons Tite-Live, gémirent longtemps sous le poids de cette superstition.
Les premiers chrétiens n'ont pas été exempts de cette folie, puisque les papes et les conciles prirent le parti de condamner les phylactères que les nouveaux convertis au christianisme portaient sur eux, pour se préserver de certains dangers.
Les enchantements en France
La France a eu ses enchantements, comme la crédule antiquité. On s'imaginait, au commencement du XIVe siècle, faire périr ses ennemis avec des figures de cire appelées volt on voust, et des paroles que toutes sortes de personnes ne pouvaient prononcer efficacement.