L'origine de Etna
Montagne de Sicile, fameuse par son volcan qui brûle depuis environ trois mille ans.
Un volcan toujours en éveille
Le sommet de cette montagne est couvert à la fois de neige et de fumée, tandis que ses côtés présentent de beaux pâturages et de riches vignobles. Pindare, qui vivait en l'an 440 avant Jésus-Christ cite déjà l'Etna comme un volcan enflammé. Thucydide nous a conservé des détails sur l'éruption qui eut lieu l'an 476 avant l'ère vulgaire. Quant à Homère, il ne nomme pas même la montagne, quoique dans l'Odyssée il fasse aborder Ulysse en Sicile. Ce silence a fait supposer, avec une certaine probabilité, que longtemps avant l'époque d'Homère, le volcan, dont la première éruption date du siècle de Pythagore, avait cessé de vomir du feu. Les historiens romains, ceux du moyen âge et des temps modernes, ont cité un si grand nombre d'éruptions de l'Etna qu'il ne serait peut-être pas difficile de prouver que, dans une période de deux mille ans, ce volcan n'a jamais sommeillé un siècle entier.
L'Etna chez les poètes
C'est sur cette montagne fameuse que les poètes ont établi les forges de Vulcain et les ateliers des Cyclopes.
Des Cyclopes cruels j'aborde le séjour ;
Je l'ignorais. Le port creusé dans ces rivages
Garde un calme profond ; mais par d'autres orages
L'épouvantable Etna trouble, en pondant ces lieux ;
Bientôt déploie en l'air les colonnes de feux ;
Tantôt les profondeurs de son terrible gouffre,
De flamme et de fumée, et de cendre et de soufre,
Dans le ciel obscurci lance d'affreux torrents ;
Tantôt, des rues noircies par ses feux dévorants
Arrachant les éclats de ces voûtes tremblantes,
Vomit, en bouillonnant, ses entrailles brûlantes.
On dit que, par la foudre à demi-consumé,
Encelade mugi dans l'abîme enflammé ;
Sur lui du vaste Etna pèse l'énorme masse ;
Chaque fois qu'il s'agite et veut changer de place,
L'Etna sur lui retombe, et d'affreux tremblements
Ébranlent la Sicile et ses sommets fumants.
(Delille)