L'origine de Fil
Les moyens utilisés avant l'usage du fil
Cet article aujourd'hui si commun, et en même temps si utile, n'a point été connu au commencement des sociétés. On y a supplée par divers moyens dont plusieurs peuples pouvaient encore, il n'y a pas si longtemps, nous donner quelque idée. Les peuples du Groenland cousaient leurs vêtements avec des boyaux de chiens marins ou d'autres poissons, qu'ils avaient l'adresse de couper très minces, après les avoir fait sécher à l'air. Les Esquimaux, les Samoyèdes, les sauvages de l'Amérique et de l'Afrique employaient aux mêmes usages les nerfs des animaux. On en usa de même dans les premiers temps : Hésiode fait mention de ces anciennes pratiques chez les Grecs.
Mais les premières inventions s'étant perfectionnées, les hommes, qui se couvraient d'abord des peaux des animaux, s'aperçurent qu'ils pouvaient faire de leurs dépouilles un meilleur usage ; ils cherchèrent les moyens d'en séparer la laine ou le poil, et d'en former des vêtements, aussi chauds et aussi solides, mais plus souples que les cuirs et les fourrures ; ils trouvèrent le secret de réunir, par le moyen du fuseau, ces différents brins et d'en faire un fil continu. Les végétaux offraient également leur dépouille : le lin, le chanvre, le coton, etc., se présentèrent les premiers, et suffirent aux besoins.
L'invention de l'art de filer
Les Égyptiens prétendaient devoir à Isis l'art de filer ; les Chinois font honneur de cette découverte à l'impératrice, femme d'Yao. On peut remarquer, à ce sujet, que la tradition de presque tous les peuples donne à des femmes la gloire d'avoir inventé l'art de filer, de tisser les étoffes et de les coudre : les Lydiens rapportaient cette découverte à Arachné ; les Grecs à Minerve ; les Péruviens à Mama-0ella, épouse de Manco-Capac, leur premier souverain. Ces traditions sont-elles fondées sur l'histoire, ou n'ont-elles d'autre origine que le genre d'occupation qui de tous les temps, et chez tous les peuples, a fait le partage du sexe ? C'est sur quoi nous ne prononcerons point.
La découverte de fils naturels
Dans les XVIIIe et XIXe siècles, l'esprit d'invention et un système d'économie ont fait découvrir dans plusieurs arbres, arbrisseaux et plantes, des fils propres à faire des toiles ou des cordes ; on en tire de l'écorce du genêt, de l'aloès, du houblon, de l'ortie , etc. Les métaux eux-mêmes ont été mis à contribution : le laiton, le fil de fer, de cuivre, d'argent ont donné des gazes et des étoffes métalliques dont l'emploi s'étend à beaucoup d'usages.
Le fil d'Archal
Richard Archal fut le premier inventeur de la manière de tirer le fil de fer ; et ce fil reçut son nom. Selon d'autres, l'art de faire du fil d'Archal a été inventé à Nuremberg, au commencement du XVe siècle, par un citoyen de cette ville, nommé Rudolph. Il en fit longtemps un secret que son fils divulgua ensuite.
Le fil de pignon
Nom que les horlogers donnent à un fil d'acier cannelé en forme de pignon. L'invention du fil de pignon et celle de la machine à refendre ont rendu deux grands services à l'horlogerie, en abrégeant et perfectionnant l'exécution des deux parties essentielles d'une montre : les roues et les pignons. Ce fil est de l'invention des Anglais ; les Genevois ont tâché vainement de les imiter ; différents artistes de Paris l'avaient aussi entrepris, mais sans succès ; enfin M. Blackey, habile faiseur de ressorts, a réussi à en fabriquer d'aussi parfaits ; on peut même dire qu'il a surpassé les Anglais, puisqu'il a trouvé le moyen de faire du fil de pignon assez gros pour être employé aux pignons des pendules.