L'origine de Infanterie
Quelques uns donnent à ce mot une origine qui paraît toute naturelle. La première infanterie, disent-ils, fut composée de jeunes gens levés en différents pays ; on les appelait enfants de Paris, enfants d'Orléans, de Picardie, de Flandre, etc. ; et de là infanterie.
Un nom originaire d'Espagne
Si l'on en croit quelques anciens auteurs, l'infanterie tire son origine ou du moins son nom d'une infante d'Espagne, qui, ayant appris que l'armée du roi son père venait d'être battue par les Maures, se mit à la tête d'un certain nombre de gens de pied, dont on ne faisait point usage alors pour le combat, arrêta les ennemis qui poursuivaient les vaincus et les défit entièrement. En mémoire de cet événement, ajoutent-ils, les piétons espagnols prirent le nom d'infanterie, lequel a passé depuis aux piétons des autres nations.
L'histoire nous apprend que les gens de pied ont été en usage dans les armées longtemps avant l'irruption des Maures en Espagne. La plus forte partie des armées grecques et romaines était composée d'infanterie ; mais il aurait pu se faire que les nations que ceux-ci appelaient barbares ne s'en fussent pas aussitôt servies ; et en effet on voit, dans l'histoire des croisades, qu'en l'année 1097 Soliman, empereur des Turcs, et le Soudan d'Egypte vinrent combattre les chrétiens croisés, dans la vallée Gorgonium, avec une armée de trois cent mille hommes, tous à cheval.
L'infanterie en France
Il paraît que, sous Clovis , l'infanterie fut la principale force de l'armée française. Il y eut, sous Charles VII, les francs-archers. Louis XI les supprima, mais il soudoya les Suisses, auxquels il joignit quelque infanterie. Louis XII soudoya une infanterie allemande ; et le duc de Gueldre leva un corps de six mille hommes d'élite, nommé bandes noires, à cause de la couleur de ses drapeaux. Cette troupe fut détruite à Pavie. François Ier mit sur pied un corps d'infanterie qu'il forma sur le modèle des légions romaines. Cette nouvelle milice ne dura pas longtemps ; on en revint aux bandes, qui n'étaient que de cinq à six cents hommes, au lieu que les légions étaient de six mille.
Outre ces bandes ou compagnies, il y avait encore sous Louis XII, François Ier et Henri II, des fantassins qu'on nommait aventuriers : c'étaient des espèces de bandits qui n'avaient pas de solde, et qui se joignaient volontairement à l'armée.
Après la perte de la bataille de Saint-Quentin, Henri II établit sept légions de six mille hommes chacune, qui devaient être levées dans les mêmes provinces que celles de François Ier, mais qui étaient distribuées en quinze compagnies. L'ordonnance qui prescrit cet établissement de nouvelles légions est du 22 mars 1557. Telle a été l'infanterie française jusqu'à l'établissement des régiments. « Ce fut, est-il dit dans l'Histoire de la ligue, sur le pont Notre-Dame, que, le 3 juin 1578, le légat du pape passa en revue l'infanterie ecclésiastique de la ligue. Capucins, minimes, cordeliers, jacobins, carmes, feuillants, tous la robe retroussée, le capuchon bas, le casque en tête, la cuirasse sur le dos, l'épée au côté et le mousquet sur l'épaule, marchaient quatre à quatre, le révérend évêque de Senlis à leur tête, avec un esponton. Les curés de Saint-Jacques de la Boucherie et de Saint-Côme faisaient les fonctions de sergents-majors. Quelques uns de ces fantassins, sans penser que leurs fusils étaient chargés à balles, voulurent saluer le légat, et tuèrent, à côté de lui, un de ses aumôniers. Son éminence, trouvant qu'il commençait à faire trop chaud à cette revue, se dépêcha de donner sa bénédiction, et s'en alla. »