L'origine de Injection
L'injection anatomique
On appelle injection anatomique une opération qui consiste à introduire dans les vaisseaux du corps humain et des cadavres des animaux un liquide, le plus souvent coloré, et susceptible de se solidifier par le refroidissement. Les injections ont pour objet de faciliter la préparation des vaisseaux, leur conservation, de faciliter l'étude de leur organisation, de leur distribution, de leurs rapports avec les parties voisines, et des ramifications presque infinies par lesquelles ils s'anastomosent ou s'abouchent les uns avec les autres.
Une découverte du XVIIe siècle
C'est une découverte importante, qui a beaucoup servi à éclairer la science de l'économie animale. Elle a pris naissance dans le XVIIe siècle, qui forme une des époques les plus remarquables de l'histoire du génie et qui s'est signalé par de grandes découvertes en anatomie et en physiologie. Au commencement de ce siècle, la circulation du sang, déjà entrevue et indiquée, mais véritablement reconnue par l'illustre Guillaume Harvey, fut par lui proclamée après vingt-cinq années de recherches et d'expériences sans nombre. Dès lors l'attention des savants, soit qu'ils fussent les partisans ou les détracteurs de la découverte nouvelle, ne tarda pas à se porter avec une vive ardeur sur les organes circulatoires, et l'art d'injecter les vaisseaux fut une conséquence presque nécessaire, et pour ainsi dire le complément des travaux du physiologiste anglais.
Il serait toutefois peu équitable d'oublier que nous devons cette invention aussi utile qu'ingénieuse aux travaux successifs de plusieurs anatomistes célèbres, tels que Malpighy, Glisson, Swammerdam, et le Hollandais Ruysch dont les belles préparations ont surpassé de beaucoup celles de tous ses contemporains. Mais ce dernier, qui s'est rendu justement célèbre comme anatomiste et même comme chirurgien, a emporté dans sa tombe le secret de ses injections. C'était dans le même temps à peu près que son compatriote Raw, qui tailla avec succès un nombre immense de calculs, dérobait avec tant de soin à ses compatriotes la connaissance de sa méthode opératoire, que ses deux élèves les plus distingués en ont laissé chacun une description différente.
La pratique de l'injection
Les injections se pratiquaient sur les artères, les veines et les vaisseaux lymphatiques. La matière que l'on injectait, sa consistance, sa ténuité et sa couleur variaient suivant l'ordre de vaisseaux qu'il s'agissait de préparer, et suivant la nature des recherches que l'anatomiste se proposait de faire. Les injections ordinaires et communes se faisaient avec de grandes seringues de cuivre, et les injections fines et délicates, avec des tubes de verre recourbés à l'une de leurs extrémités, et que l'on pouvait, au besoin, convertir en véritables seringues.
L'injection en chirurgie
En chirurgie, le mot injection signifie l'action d'introduire, au moyen d'une seringue ou de tout autre instrument analogue, un liquide dans une cavité du corps, soit naturelle, soit accidentelle, dans le but de combattre et de guérir certaines maladies.
Caton le censeur a traité de cette manière des plaies fistuleuses dont plusieurs de ses esclaves avaient été affectés. Il y injectait, au moyen d'une vessie munie d'un tuyau de plume, le suc de certains végétaux. C'était le même Caton qui déclamait sans cesse contre la médecine et les médecins, voulant par là empêcher les Romains de faire venir dans leur patrie les médecins de la Grèce, à la science desquels le peuple-roi était encore complètement étranger.
Ambroise Paré a employé les injections dans le traitement des plaies d'armes à feu ; et la chirurgie moderne en a fait un usage assez fréquent dans le traitement des maladies de l'organe de l'ouïe, des voies urinaires, et dans beaucoup d'autres circonstances.
Un physiologiste du XIXe siècle a injecté de l'eau pure en abondance dans les veines d'animaux atteints d'hydrophobie, mais il n'a pas obtenu de succès décisifs de l'emploi de ce moyen, qui est d'ailleurs parfaitement applicable à l'homme dans la même maladie. On peut aussi de la même manière injecter des médicaments dans le système veineux.