L'origine de Institut


L'institut royal de France

Il existait anciennement à Paris six corps académiques : l'académie française ; l'académie des inscriptions et belles-lettres ; l'académie des sciences ; l'académie de peinture, sculpture et gravure ; l'académie d'architecture et l'académie de chirurgie. Créées à des époques différentes, régies par des règlements empreints de l'esprit de divers siècles, ces académies, dominées d'ailleurs par une rivalité fondée sur la suprématie que les uns voulaient s'attribuer sur les autres, ne pouvaient guère concourir simultanément au but commun qu'elles devaient se proposer dans l'intérêt de la France.
L'Institut, créé en l'an IV (1795), forma au contraire un corps unique. Quoiqu'il fut divisé en plusieurs classes, ou, si l'on veut, en plusieurs académies, une relation continuelle existait entre ces divisions ; elles éclairaient mutuellement leurs travaux respectifs, se réunissaient, dans la personne de leurs commissaires, pour prononcer sur le mérite des innovations remarquables ; et la séance publique où elles se fondaient ensemble, le 24 avril de chaque année, achevait de prouver que l'intention du législateur fut d'établir l'unité organique de l'Institut, et de faire disparaître ainsi les ferments de divisions qu'entretenait autrefois un état de choses contraire.
L'Institut, à sa fondation, se composait de trois classes: 1° la classe des sciences physiques et mathématiques ; 2° la classe des sciences morales et politiques ; 3° la classe de la littérature et des beaux-arts ; plus tard les beaux-arts formèrent une quatrième classe.
Les quatre académies étaient sous la protection directe et spéciale du roi.
L'académie française et l'académie des inscriptions et belles-lettres se composaient chacune de quarante membres. Toutes deux nommaient dans leur sein et sous l'approbation du roi, un secrétaire perpétuel, qui faisait partie du nombre des quarante. La première était particulièrement chargée de la composition du Dictionnaire de la langue française : elle faisait, sous le rapport de la langue, l'examen des ouvrages importants de littérature, d'histoire et de sciences. Les objets des recherches et des travaux de la seconde étaient les langues savantes, les antiquités et les monuments, l'histoire et toutes les sciences morales et politiques dans leur rapport avec l'histoire ; elle s'attachait particulièrement à enrichir la littérature française des ouvrages des auteurs grecs, latins et orientaux qui n'avaient pas encore été traduits. Elle s'occupait aussi de la continuation des recueils diplomatiques.


L'institut des jeunes aveugles

Le premier asile que la bienfaisance ouvrit aux aveugles fut établi en 1784. Avant cette époque, le gouvernement n'avait encore rien fait pour l'instruction de ces malheureux, condamnés dès leur naissance à passer toute leur vie dans les hospices, ou à mendier leur pain de porte en porte. Quelques uns cependant s'étaient réunis en société dans un des cafés de la capitale, où, sans règle ni mesure, ils exécutaient quelques morceaux de musique, qui excitaient l'hilarité des passants. Ces aveugles se plaçaient devant un long pupitre ; chacun avait une paire de lunettes sur le nez.
En 1784 la société philanthropique ouvrit un asile à ces malheureux, et M. l'abbé Hauy, profitant de plusieurs essais qui avaient déjà été tentés pour instruire des aveugles de naissance, réussit à faire naître dans l'esprit de ces nouveaux élèves, au moyen du toucher, les idées que la privation de la vue leur avait dérobées. Il composa des livres et de la musique dont les caractères étaient en relief, et qu'ils parvinrent bientôt à déchiffrer à l'aide d'un toucher exercé. L'institution des jeunes aveugles, dont M. Hauy obtint la direction, était encouragée et entretenue par Bailly, maire de Paris, madame de Planoy, l'une des premières bienfaitrices de l'établissement, mesdemoiselles
Dumenil, madame de Staël. D'abord logés rue Notre-Dame des Victoires, en 1785, leur nombre s'élevait à vingt-cinq. Cet établissement subsista ainsi jusqu'en 1791. A cette époque Louis XVI ordonna que cette institution serait entretenue aux frais de l'état, et placée, avec celle des sourds-muets, dans l'ancien couvent des Célestins, près l'Arsenal.
Une loi du 10 thermidor an III (1 octobre 1794) sépara l'institution des aveugles travailleurs de celle des sourds-muets, et plaça le premier de ces établissements dans la maison des filles Sainte-Catherine, rue des Lombards. Le nombre des élèves fut porté à 86, un par département ; il fut alloué par chacun d'eux une pension de cinq cents francs. Le 26 pluviôse an IX (15 février 1801), un arrêté des consuls ordonna que les aveugles travailleurs seraient réunis et transférés sur-le-champ dans l'enclos des Quinze-Vingts. On appelle Quinze-Vingts l'hospice où l'on reçoit les aveugles de tout âge sans distinction de la cause qui a déterminé chez eux cette infirmité ; ils sont logés et entretenus, et on pourvoit à leurs besoins. Mais ce rapprochement, entre des enfants en qui on s'efforçait de développer des connaissances qui devaient alléger leur infortune, en les mettant à même d'être utiles à la société, et des vieillards ou des hommes livrés à la paresse et à plusieurs vices, manqua de causer la ruine de l'institution naissante. En 1806, on établit deux manufactures de draps et de tabac dans l'enceinte de l'hospice ; c'était un moyen d'habituer de bonne heure ces jeunes enfants au travail, mais leur instruction en général devait en souffrir, et ils ne pouvaient plus espérer d'exercer au dehors une profession qui les fît exister.
Le 8 février 1815, le roi ordonna la séparation de l'institution des jeunes aveugles de l'hospice qui renferme les autres victimes. La translation ne s'effectua que le 20 février 1816, et l'institution se trouva placée dans l'ancien séminaire Saint-Firmin, rue Saint-Victor. A cette époque tout fut refondu ; on rétablit les classes, on changea le moral des élèves, on n'admit qu'un bien petit nombre des anciens. Par la suite, on reçut dans cet établissement des aveugles des deux sexes ; il y avait des institutrices chargées d'enseigner la musique, la lecture, l'écriture même, et de diriger les demoiselles dans leur application à quelques travaux utiles. On enseignait aux garçons, outre la lecture, l'écriture et les arts d'agrément, les mathématiques, la géométrie.
En 1806 on a formé à Saint-Pétersbourg une école de jeunes aveugles, calquée sur celle de France. En Autriche, à Prague, dans les Pays-Bas, et dans plusieurs autres pays, l'exemple de la France aura contribué à soulager des misères, et à rendre à la société des individus qui semblaient devoir en être séparés dès leur naissance.

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