L'origine de Jésuite
L'établissement de l'ordre des Jésuites
Cet ordre religieux fut institué par Ignace de Loyola, et approuvé par le pape Paul III, en 1540. Le fondateur, qui en fut élu général, entra en fonction le jour de Pâques de l'année suivante, et cette dignité, triennale dans son origine, devint permanente sous Lainez et sous Aquaviva.
L'établissement de la compagnie de Jésus souffrit d'abord quelques difficultés ; mais sur la proposition d'obéir au pape seul, en toutes choses et en tous lieux, pour le salut des âmes et la propagation de la foi, le pape Paul III conçut le projet de former, par le moyen de ces religieux, une espèce de milice répandue sur la surface de la terre, et soumise sans réserve aux ordres de la cour de Rome.
Benoît XIV, qui avait tant de vertus, et qui a dit tant de bons mots ; ce pontife que nous regretterons longtemps encore, regardait cette milice comme les janissaires du saint-siège ; troupe indocile et dangereuse, mais qui sert bien.
Au vœu d'obéissance fait au pape et à un général, représentant de Jésus-Christ sur la terre, les jésuites joignirent ceux de pauvreté et de chasteté.
L'introduction des Jésuites en France
Quoique la société d'Ignace eût un établissement en France dès 1550, elle ne fut pas sans trouver de grands obstacles à surmonter avant de se consolider dans ce pays. Le parlement de Paris, la Sorbonne, l'Université, alarmés de la singularité de ses privilèges et de ses institutions, s'élevèrent contre elle. La Sorbonne donna un décret, en 1554, par lequel elle la jugea plutôt née pour la ruine que pour l'édification des fidèles. La patience et la politique dissipèrent peu à peu ces orages. Le parlement de Paris consentit enfin à l'établissement des jésuites, qu'il avait intention d'opposer aux protestants.
Faibles dans leur commencement, les jésuites, par leur persévérance et leur souplesse, finirent non seulement par s'établir dans tous les royaumes chrétiens, mais même par gouverner plusieurs cours de l'Europe.
Le régime de l'ordre des Jésuites
Ceux qui prétendent connaître l'économie et le régime de cet ordre le distribuent en six classes, qu'ils appellent des profès, des coadjuteurs spirituels, des écoliers approuvés, des frères lais ou coadjuteurs temporels, des novices, des affiliés ou adjoints, ou jésuites de robe courte. Ils disent que cette dernière classe est nombreuse, qu'elle est incorporée dans tous les états de la société, et qu'elle se déguise sous toutes sortes de vêtements.
Leur régime est monarchique ; toute l'autorité réside dans la volonté d'un seul.
A peine la société de Jésus fut-elle formée, qu'elle étendit ses nombreuses colonies en Espagne, au Portugal, en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, au nord, au midi, en Afrique, en Amérique, à la Chine, aux Indes, au Japon, partout riche, puissants et redoutables.
La proscription des Jésuites
Le parlement de Rouen avait déjà rendu un arrêt à peu près semblable à celui du parlement de Paris, le 12 février précédent, et les autres parlements ayant aussi proscrit dans leur ressort l'institut de leur société, il n'y eut plus de jésuites en France. Cet ordre éprouva les mêmes révolutions dans plusieurs autres états de l'Europe, comme au Portugal, en Espagne, etc. Son institut fut supprimé en 1773 par le pape Clément XIV ; il a été depuis rétabli par le pape Pie VII.
L'empereur de Russie Alexandre Ier, quelques années avant sa mort, bannit de ses états, par un ukase, les jésuites, accusés d'abuser de la part qu'ils avaient dans l'éducation de la jeunesse, pour multiplier leurs prosélytes.