L'origine de Laurier
Un arbre consacré à Apollon
Ce bel arbre, que les Grecs nommaient daphné, est originaire de la Crète et du mont Atlas. Depuis l'aventure de Daphné, il était consacré à Apollon ; mais une autre raison plus vraisemblable, pour laquelle on le croyait consacré à Apollon, c'est qu'on était persuadé que ceux qui dormaient ayant sous la tête quelques branches de cet arbre recevaient des vapeurs qui les mettaient en état de prophétiser. Ceux qui allaient consulter l'oracle de Delphes se couronnaient de laurier au retour, s'ils avaient reçu du dieu une réponse favorable. C'est ainsi que, dans Sophocle, Œdipe, voyant Oreste revenir de Delphes, la tête ornée d'une couronne de laurier, conjecture qu'il rapporte une bonne nouvelle.
Les anciens annonçaient les choses futures sur le bruit que faisait le laurier quand il brûlait, ce qui était un bon augure. Mais aussi, s'il brûlait sans aucun pétillement, c'était un mauvais signe. On mettait à la porte des malades des branches de laurier, comme pour se rendre favorable Apollon, dieu de la médecine.
La couronne de laurier se donnait aux excellents poètes, comme favoris d'Apollon. Cette couronne était particulière aux jeux pythiques, à cause d'Apollon à qui ces jeux étaient consacrés. Enfin, on couronnait de laurier les victorieux, et l'on en plantait des branches aux portes des palais des empereurs le premier jour de l'année, et en d'autres temps, lorsqu'ils avaient remporté quelque victoire ; aussi Pline appelle le laurier le portier des Césars, le fidèle gardien de leurs palais.
Sois noblement superbe, arbuste mémorable
Que par ses fictions a consacré la fable,
Qui vis en tes rameaux transformer la beauté
Dont le dieu du Permesse essuya la fierté.
La foudre te respecte, et ta feuille couronne
Les vainqueurs dans les champs qu'ensanglante Bellone,
Les chantres renommés dont les nobles concerts
Éternisent le nom et charment l'univers.
[Dulard, les Merveilles de la Nature)
Le Laurier-cerise
Cet arbuste est originaire de Trébisonde, d'où il fut apporte en Europe, en 1579. On le cultive pour l'ornement des jardins. Ses fleurs sont en épi ; ses fruits ne sont pas bons à manger ; il ne s'élève pas bien haut ; mais, de tous les arbres qui ne perdent point leurs feuilles dans nos climats, c'est celui dont la verdure est la plus agréable.
L'eau distillée de ses feuilles est peut-être le poison le plus terrible que l'on connaisse parmi les plantes qui croissent en Europe. L'effet en est dû à la grande quantité d'acide prussique que cette plante contient. Scheèle et M. Gay-Lussac, membre de l'institut de France, ont parfaitement fait connaître cet acide.