L'origine de Légat
L'étymologie du mot Légat
Chez les Romains on appelait legati, d'où nous avons fait légats, les personnes que l'empereur ou les premiers magistrats envoyaient dans les provinces pour y exercer quelque juridiction. Quand ces légats étaient tirés de la cour de l'empereur, on les nommait missi à latere, d'où il paraît que l'on a emprunté le titre de légats à latere, qui signifie envoyés du côté, d'auprès de la personne du pape. Les légats à latere occupent le premier rang parmi les légats. Suivant l'usage des derniers siècles, ce sont des cardinaux que le pape tire du sacré collège, qui est regardé comme son conseil ordinaire, pour les envoyer dans les différents états, avec la plénitude du pouvoir apostolique.
Les premiers légats
Les premiers légats du pape dont l'histoire ecclésiastique fasse mention, sont ceux que les souverains pontifes envoyèrent, dés le IVe siècle, aux conciles généraux. Vitus et Vincent, prêtres, assistèrent au concile de Nicée comme légats du pape Sylvestre. Le pape Jules, ne pouvant assister en personne au concile de Sardique, y envoya à sa place deux prêtres et un diacre. Le pape Libère envoya au concile de Milan trois légats : Lucifer évêque de Cagliari, le prêtre Pancrace et le diacre Hilaire.
On remarque que dans le XIIe siècle on distinguait deux sortes de légats : les uns étaient des évêques ou abbés du pays ; d'autres étaient envoyés de Rome. Les légats pris sur les lieux étaient aussi de deux sortes ; les uns établis par commission particulière du pape ; les autres, par la prérogative de leur siège, et ceux-ci se disaient légats nés, tels que les archevêques de Mayence et de Cantorbéry.
Les exactions des légats
Les premiers légats n'exigeaient aucun droit dans les provinces de leur légation ; mais leurs successeurs ne furent pas si modérés. Grégoire VII fit promettre à tous les métropolitains, en leur donnant le pallium, qu'ils recevraient honorablement les légats du saint-siège ; ce qui fut étendu à toutes les églises, dont les légats tirèrent des sommes immenses. Quelque respect que saint Bernard eût pour tout ce qui avait quelque rapport avec le saint-siège , il ne put s'empêcher, de même que les autres auteurs de son temps, de se récrier contre les exactions et les autres excès des légats.