L'origine de Livrée
Une ancienne coutume en usage chez les rois et la princes
Une ancienne galanterie, en usage chez les rois et chez les princes, était de faire dans certains temps de l'année, à Pâques et à Noël surtout, des présents de robes, de manteaux et d'habits aux personnes attachées à leur service et aux seigneurs qui composaient leur cour. Les habillements qu'on livrait à cette époque s'appelaient livrées, nom qui s'est conservé pour ceux que les gens riches, faisaient porter à leurs valets.
Ce fut dans une de ces distributions que, par une pieuse supercherie, saint Louis engagea plusieurs seigneurs à se croiser avec lui ; les livrées leur furent fournies dans l'obscurité. Lorsque le jour parut, tous se trouvèrent avoir une croix cousue sur l'épaule, et ils se crurent liés comme s'ils l'avaient prise de leur propre choix. Edouard III, roi d'Angleterre, ayant à sa cour, vers les fêtes de Noël, quelques gentilshommes français faits prisonniers dans une entreprise sur Calais, qui n'avait pas réussi, voulut, par courtoisie et par estime pour leur valeur, les faire comprendre dans la distribution des livrées qu'il devait faire pour la fête. Quelquefois la seule acceptation de ce présent était un engagement contracté de servir pendant une année le souverain qui l'offrait. Il ne faut pas confondre les fournitures et livrées qui avaient lieu toujours à des temps fixes avec les présents accidentels d'habits faits aux fabliers et aux ménétriers ; c'étaient ses propres habits que le seigneur donnait en récompense à ceux-ci, et ordinairement celui qu'il portait le jour même.
Une autre origine de la livrée
Ferrari donne une origine différente à la livrée, et l'attribue à l'usage établi dans les tournois, où chaque parti se montrait sous des couleurs différentes. On a même cru que de là était venue l'idée des uniformes militaires.
Il paraît, par ce que disent Monstrelet et Le Laboureur, que l'usage des livrées est fort ancien, et que ces couleurs distinctives étaient portées, non seulement par les valets, mais même par les premiers officiers des maisons des princes. « Nous apprenons de Matthieu Pâris, dit Le Laboureur (Origine des armes, 1658), que les rois d'Angleterre faisaient donner, tous les ans, aux fêtes de Noël, nouvelles livrées à leurs domestiques.