L'origine de Lunettes
Inventées au XIVe siècle
Quoiqu'on trouve chez les écrivains grecs et romains les principes d'optique d'après lesquels sont construites les lunettes, il paraît cependant que cet instrument, d'une utilité si générale et d'une construction si facile, n'a jamais été connu d'eux, ni appliqué aux besoins des vieillards ou des vues faibles.
Cette invention est attribuée à un Florentin nommé Salvino degli Armati, mort en 1317. Maria Manni rapporte, dans ses Opuscules scientifiques, l'épitaphe de ce Salvino, qui se lisait autrefois dans la cathédrale de Florence ; elle lui attribuait expressément la découverte des lunettes.
On en a fait honneur à un dominicain, Alexandre Spina, mort à Pise en 1313, qui, sans doute, rendit les lunettes communes et d'un facile usage. Ce religieux cependant ne s'en occupa que d'après les descriptions vagues qui lui avaient été faites des essais de Salvino. On peut assigner pour époque à cette découverte l'espace qui s'est écoulé entre 1280 et 1300.
La diversification des lunettes
La France en partagea bientôt les fruits ; le roman de la Rose, achevé sous Philippe-le-Bel, par Jean de Meung, vers l'année 1300, parle, sous le nom de miroirs, de plusieurs sortes de lunettes, tant de celles qui grossissent les objets que de celles qui les diminuent.
Il y a des lunettes de nuit : les Anglais en ont inventé de cette sorte, avec lesquelles ils peuvent voir de fort loin les vaisseaux dans une nuit obscure, reconnaître une côte, l'entrée d'un port, etc. Dans ces lunettes, dont la première idée paraît due au docteur Hook, on voit les objets renversés ; mais l'inconvénient n'est pas grand pour ceux qui ont l'habitude de se servir de cet instrument.
Les lunettes d'approche
Les principes sur lesquels se font les lunettes d'approche ou les télescopes n'ont point été ignorés des anciens géomètres ; cependant cette merveilleuse machine n'a été découverte qu'au commencement du XVIIe siècle. Voici comme de la Hire rapporte, dans les Mémoires de l'académie des sciences, l'histoire de l'invention des lunettes d'approche : Le fils d'un ouvrier d'Alcmaer, nommé Jacques Metius, ou plutôt Jacob Metzu, qui faisait, dans cette ville de la Nord-Hollande, des lunettes à porter sur le nez, tenait d'une main un verre convexe comme sont ceux dont se servent les vieillards, et de l'autre main un verre concave qui sert à ceux qui ont la vue courte ; ce jeune homme, avant mis par amusement ou par hasard le verre concave proche de son œil, et ayant un peu éloigné le convexe qu'il tenait au-devant par l'autre main, s'aperçut qu'il voyait au travers de ces deux verres, quelques objets éloignés beaucoup plus grands et plus distinctement qu'il ne les voyait auparavant à la vue simple. Ce nouveau phénomène le frappa ; il le fit voir à son père, qui sur-le-champ assembla ces mêmes verres et d'autres semblables dans des tubes de quatre ou cinq pouces de long. Voilà l'origine des lunettes d'approche, connues d'abord sous le nom de lunettes de Hollande ou de Galilée.
L'invention du télescope
On commença à en voir a Paris en 1609, et le premier marchand qui en vendit était établi sur un pont qu'on appelait alors le pont Marchand.
Le passage suivant du livre de Porta pourrait faire croire que la première idée du télescope lui appartient. « Si vous savez multiplier les lentilles, je ne doute pas que vous ne puissiez lire à cent pas les plus petits caractères. Si vous savez, combiner convenablement les lentilles convexes et concaves, vous verrez les objets grossis et cependant distincts. »
Kepler, qui dans ses Paralipomènes avait parlé de cette combinaison des lentilles, parait cependant se défier des promesses de Porta. Dans la Dioptrique, imprimée en 1611, il parle encore de cette disposition de plusieurs lentilles, et notamment de deux lentilles convexes qui renversent les images. Quoiqu'il ait donné la description de cette combinaison de plusieurs verres lenticulaires, il ne paraît pas qu'il ait fait construire de lunettes d'après ces principes. Cependant on doit le considérer comme le premier auteur de l'idée d'après laquelle on construit aujourd'hui les lunettes astronomiques.
Scheiner et Rheita enchérirent sur cette découverte, et le dernier parvint à une combinaison de verres lenticulaires qui réunissait divers avantages à celui de redresser les objets que l'on voyait renversés avec un seul oculaire. Descartes, qui s'est occupé du même sujet, a plus fait pour la science qu'il n'a apporté de perfectionnement à l'art. Entre les mains de Huyghens, la pratique fit de grands progrès, et l'art de tailler les verres lui doit une grande partie de sa perfection.
Les lunettes achromatiques
Newton a aussi imaginé une espèce de télescope qui porte son nom ; Dollond, célèbre opticien anglais, découvrit une erreur de Newton sur l'impossibilité où l'on était, suivant ce dernier, de s'opposer à la décomposition de la lumière dans ces instruments, comme le ferait un prisme. Dollond prouva le contraire, et par ses expériences donna naissance aux lunettes achromatiques. Rochon membre de l'Institut, enlevé aux sciences en 1817, et dont les travaux ont été si utiles, par la précision de ses expériences, a proposé un moyen de perfectionner les instruments dioptriques : il a employé le quartz de Madagascar à confectionner le micromètre, instrument propre à mesurer les angles, et dont l'utilité suffirait pour assurer à son auteur un rang distingué parmi les astronomes opticiens.
Enfin M. Vincent Chevalier a substitué aux lunettes appelées vulgairement conserves, des verres bleus qui ont la propriété d'affaiblir les rayons rouges et d'éviter l'iris que produisent les verres blancs.