L'origine de Malédiction
Depuis la plus haute antiquité
Les anathèmes, ou malédictions lancées contre ceux qui osaient violer les pactes ou les articles dont on était convenu, remontent à la première antiquité. Les livres de Moïse en fournissent la preuve. Les païens eux-mêmes y avaient recours pour empêcher la violation des tombeaux ou l'infraction des traités.
Les chrétiens en firent un fort grand usage, et les empruntèrent pour la plupart des livres saints. Ces malédictions, ou imprécations, étaient ordinairement terminées par fiat ou par amen plus ou moins répétés. Elles dégénérèrent en excommunications, que non seulement le pape et les évêques prodiguèrent, mais que les moines et les laïques même s'étaient mis en possession de lancer contre ceux qui donnaient atteinte à leurs Chartres, comme on le peut voir dans le chapitre II du quatrième concile de Rome, en 502 ; d'où il faut conclure que ces sortes d'excommunications doivent être regardées comme des imprécations. Les Grecs n'ont pas moins fait usage que les Latins des malédictions, dans leurs actes publics, et privés.
Les malédictions proférées dans les bulles papales
Dès les premiers siècles, les papes, dans les bulles, privilèges qu'ils accordaient, ou dans les grâces qu'ils faisaient d'eux-mêmes, usèrent d'imprécations contre ceux qui s'y opposeraient, et de bénédictions pour ceux qui favoriseraient leurs desseins.
Dès le VIe ou au moins le VIIe siècle, on s'aperçoit que ces anathèmes dégénèrent en formules et ne sont que de style. Ce caractère est encore plus marqué dans les excommunications du VIIIe au Ixe siècle : on reconnaît sensiblement que les causes d'anathèmes se rapprochent de plus en plus des formes invariables usitées dans les XIe et XIIe siècles. Les malédictions sont affreuses et accumulées les unes sur les autres jusqu'à Grégoire VII, qui les supprima.