L'origine de Médecine


Depuis la nuit des temps

Il serait très difficile de faire connaître d'une manière précise l'origine de la médecine : elle se perd dans la nuit des temps. Mais s'il fallait absolument lui en donner une, devrait-on répéter, avec plusieurs auteurs, que les animaux furent d'abord les premiers instituteurs des hommes dans la médecine ; que plusieurs, guidés par leur instinct, enseignèrent aux hommes, par leur exemple, la manière de se débarrasser de la trop grande quantité de sang, la manière de se purger, les propriétés de plusieurs végétaux, etc. ? L'homme aurait donc été traité bien durement par la nature, si, en disposant autour de lui tant de causes qui pouvaient abréger son existence, elle lui avait ôté les moyens naturels qui pouvaient les lui faire éviter et mettre à profit les ressources qu'elle accordait aux autres animaux. Voilà donc une première origine donnée à la médecine qui ne paraît pas vraisemblable. Pourquoi l'homme ne devrait-il pas à lui-même, à son instinct, les premiers principes de la médecine ?
On donne encore pour origine de la médecine la communication des divinités du paganisme avec les hommes. Bacchus est indiqué comme le premier auteur de la médecine en Assyrie, en Libye et aux Indes. Les Égyptiens, le peuple le plus ancien et le plus superstitieux, rapportait ses premières connaissances en médecine à Ammon, roi d'Egypte. Thaut, Hermès, Mercure Trismégiste, Osiris, Apis, Serapis, Isis, qui n'est autre que la lune et ses fils, etc., sont autant de divinités auxquelles ils avaient obligation de la même science. Chez les Grecs et les Phéniciens, Zoroastre, Borus, Pean, Apollon, Chiron, Hercule, Jason, Achille, Palamède, le berger Mélampe et les magiciennes Médée et Circé, sont encore, la plupart, les inventeurs fantastiques de la médecine parmi les anciens.


Les premières écoles de médecine

Mais Esculape, s'il n'est point encore un être allégorique, peut être regardé, sinon comme l'inventeur du moins comme le premier fondateur d'une école médicale. Machaon et Podalyre, ses fils, exercèrent la médecine au siège de Troie.
Plus tard, Pythagore, Empédocle, Démocrite et les différents philosophes, comprirent la médecine dans l'enseignement de la philosophie. Les Asclépiades, ou descendants d'Esculape, établirent néanmoins des écoles particulières pour la médecine, et l'on en compte trois célèbres : 1° celle de Cnide, la plus ancienne ; 2° celle de Cos, la plus illustre et qui eut la gloire de former Hippocrate ; 3° celle de Rhodes. On cite encore celles de Cyrène et de Crotone. Toute la médecine paraît avoir été longtemps concentrée entre les mains des Asclépiades, qui formèrent un ordre de prêtres qui se transmettaient la science par traditions orales. Les temples qu'ils desservaient étaient ordinairement placés à quelque distance des villes, dans un lieu agréable et champêtre, où l'on respirait un air pur : on avait élevé près de ces temples, des bâtiments, espèce d'hôpitaux, où les malades étaient reçus. Des tables placées dans le temple retraçaient à la postérité, par leurs inscriptions, les cures brillantes et les observations rares.
La philosophie était encore constamment mêlée à la médecine de ces premiers temps, ainsi que la religion et les sciences.
Hippocrate opéra une grande réforme dans la médecine ; il fonda le dogmatisme, et sépara la médecine de la philosophie proprement dite, bien qu'il recommande au médecin d'être un vrai philosophe : son école devint bientôt la plus célèbre de l'univers.
Hérophile, sorti de l'école d'Hippocrate, fonda celle des Hérophiliens, qui s'occupa principalement de l'anatomie humaine, et qui fut établie à Alexandrie, au temps de Ptolémée Soter, roi d'Egypte, l'un des successeurs d'Alexandre. Erasistrate, son contemporain, le premier, disséqua des corps humains ; avant lui, on se contentait d'examiner les animaux que l'on croyait le plus ressembler à l'homme par leur organisation. C'est au temps d'Hérophile et d'Erasistrate que la médecine fut partagée comme elle l'est aujourd'hui en trois branches, qui forment maintenant trois professions séparées : la diététique, qui est la médecine proprement dite ; la chirurgie et la pharmacie. Il s'éleva ensuite à Alexandrie une autre école appelée empirique dont Sérapion fut le fondateur. Cette secte menaça d'une entière destruction le dogmatisme d'Hippocrate, bannit tout raisonnement de la médecine, pour ne s'en tenir qu'aux faits palpables, et cependant elle rejeta l'anatomie. Ainsi elle favorisa les esprits vulgaires et les médicastres ignorants : on comptait cependant des hommes fort instruits dans cette école.


La médecine dans la Rome antique

Rome avait soumis une portion de l'univers par la puissance de ses armes ; elle devait l'assujettir un jour par les lumières. Jusque là les Romains, hommes durs et adonnés au métier des armes et à l'agriculture, avaient négligé l'étude de la médecine ; des pratiques superstitieuses et les moyens les plus simples que la nature leur indiquait étaient les seuls secours qu'ils prêtaient aux malades. Vers l'an 535 de la fondation de Rome, Archagatus vint du Péloponnèse s'établir dans cette ville : c'est le premier médecin vulnéraire dont l'histoire ait conservé le nom.
Après la ruine de l'empire d'Orient, lorsque Lucullus, Pompée et Jules-César eurent enrichi leur patrie des dépouilles des nations subjuguées ; avec le luxe et le repos on vit naître des infirmités jusqu'alors inconnues aux Romains. Parmi les savants que Jules-César avait appelés, on vit s'élever Asclépiade, de Pruse en Bithynie : homme adroit et éloquent, il sut flatter le caractère de son siècle, et son penchant à la mollesse. La méthode cruelle d'Archagalus aurait effrayé ces Romains dégénérés ; il établit une médecine tout épicurienne ; il chercha dans ses discours et dans ses actions tout ce qui pouvait plaire ; il promettait de guérir promptement, sûrement et agréablement ; il conseillait des lits mollement suspendus, des bains parfumés, etc. : il ne tarda pas à obtenir la faveur publique, ce en quoi l'amitié de Cicéron le servit encore merveilleusement.
Cette école ne dura pas longtemps. Thémison de Laodicée, s'écartant des principes de son maître, fonda une des sectes les plus remarquables en médecine, le méthodisme ; il parait qu'il établit son école à Rome, et un sarcasme de Juvénal prouve qu'au moins il y traitait beaucoup de malades. Après lui, Thessalus de Tralle, en Lydie, perfectionna le méthodisme ; il prétendit enseigner toute la médecine en six mois : beaucoup de ses auditeurs se crurent improvisés médecins pour savoir prescrire le diatriton, ou trois jours de diète au commencement des maladies.


La médecine antique en Orient

L'école d'Alexandrie, déchue de son antique splendeur, après avoir enfanté plusieurs sectes, essaya de les réunir et de les fondre en une seule, sous le nom d'Episynthetique, c'est-à-dire assemblante.
La philosophie de Zenon ou des stoïciens, qui reconnaît l'esprit ou l'âme pour principe de toutes les actions du corps vivant, servit de base au système d'Athénée, d'Attalie ou de Tarse. A ces différentes époques, la médecine fut toujours influencée dans l'enseignement par les doctrines philosophiques régnantes ; Archigène au contraire sépara ce qui lui parut le plus certain en médecine, et forma ainsi l'éclectisme, sous le règne de Trajan.
Parmi les écoles existantes à cette époque, celle de Pergame est demeurée célèbre pour avoir formé Galien, dont les écrits et les grands talents lui ont assuré la suprématie pendant des siècles et en ont fait un second Hippocrate.
Après l'irruption des peuples du Nord et de l'empire d'Orient, la médecine éprouva le même sort que les autres sciences et les arts. Ce ne fut que sous les califes Almanzor, Almodhi, Aroun-al-Rascbild, que commença une nouvelle ère pour les sciences, les arts et la médecine ; le dernier de ces califes employa quarante-six interprètes à traduire en arabe les ouvrages d'Aristote, d'Hippocrate, de Galien, etc.


La réemergeance de la médecine en Europe

Après ces temps de désolation, l'Espagne devint le premier berceau de la médecine en Europe ; Cordoue eut une école et une immense bibliothèque. Les arabistes s'étendirent en Egypte, en Perse, etc., et répandirent les lumières partout sur leur passage. Vers le XIe siècle un disciple de ces arabistes apporta en Italie les connaissances médicales, qui depuis y fructifièrent avec tant d'éclat. Constantin l'Africain, né à Carthage, homme d'une érudition rare, ne contribua pas peu à éclairer l'Italie en fondant l'école de Salerne, devenue si célèbre. Ce n'est pas ici le lieu de rapporter les noms des différents médecins qui se sont illustrés dans cette période de temps, qui comprend le XIIe et le XIIIe siècle.
C'est principalement au XIVe siècle que se répandirent en Europe les écoles de médecine et les moyens d'instruction. On commença à disséquer des cadavres humains ; des professeurs furent entretenus par le gouvernement pour faire des cours ; c'est à cette époque que se rattachent les noms de Henri de Hermonville, de Bérenger de Carpi, de Vésale, de Fallope, etc.
Vers l'année 1484, la pharmacie devint une branche séparée de la médecine et de la chirurgie, Charles VIII établit les apothicaires en une communauté de marchands.
Le XVIe siècle se découvre : une impulsion toute nouvelle est donnée aux sciences ; les deux mondes se communiquent leurs pensées et leurs découvertes ; la création d'académies chez un peuple tout nouveau à peine échappé des mains de ses oppresseurs, n'est pas une des choses les moins remarquables de cette époque. Mexico en 1551, Quito en 1586, eurent des universités. Que de noms illustrés pendant ce siècle ! L'Italie présente Prosper Alpin, Césalpin, Malpighi, fiaglivi, Botal ; la France se glorifie des travaux des Fernel, Baillou, Riolan, Pecquet, etc. ; l'Angleterre présente Harvey, qui démontra la circulation du sang ; Thomas Sydenham, Willis ; en d'autres pays paraissent Bartholin, Van Helmont, Sylvius, Meibomius, etc. On aurait peine à énumérer tous ceux qui, quoique moins célèbres, ont concouru au grand œuvre de la restauration des sciences et de la médecine.
Pendant le XVIe siècle, les sciences avaient été tirées du chaos ; le XVIIIe brilla du plus grand éclat. Des médecins à jamais célèbres généralisèrent les idées reçues ; on créa un corps de doctrine. L'université de Leyde comptait dans son sein l'illustre Boerhaave, dont la réputation fut universelle, Van-Swieten, Haller ; combien encore de professeurs distingués dans les autres écoles !

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