L'origine de Mégathère
Les découvertes des ossements de cet animal
M. Cuvier a donné ce nom à un genre de mammifères fossiles, de l'ordre des édentés, qui comprend deux espèces ; savoir, le mégathère proprement dit, ou animal du Paraguay, et le mégalonyx de Jefferson. Le squelette presque entier du premier de ces animaux, découvert vers la fin du XVIIIe siècle, fut trouvé, à près de cent pieds de profondeur, dans des excavations faites au milieu du terrain d'alluvion des bords de la rivière de Luxan, à une lieue sud-est de la ville du même nom, laquelle est à trois lieues sud-ouest de Buenos-Aires. Il fut envoyé au cabinet de Madrid en 1789. Un second squelette, moins complet, fait partie de la même collection, et y fut envoyé de Lima en 1795. Un troisième a été trouvé au Paraguay. Depuis lors un espace de temps assez considérable s'est écoulé sans qu'il ait été rien ajouté à ce qu'on savait sur cet animal fossile, et ce n'est que tout récemment que don Damasio de Laranbaia a fait connaître à la société philomathique la découverte de parties de tête analogue à celle des tatous, et qui paraissent avoir appartenu au mégathère. Les mesures rapportées des diverses parties de cet animal lui donnent à peu prés la taille du rhinocéros.
Le mégalonyx et le mégathère
Les débris du mégalonyx (grands-ongles), nommé ainsi par Jefferson, trouvés pour la première fois, en 1797, à une profondeur de deux ou trois pieds, dans une des cavernes des montagnes calcaires du comté de Greenbriar, dans l'ouest de la Virginie, consistent en ossements d'extrémités, et notamment d'un pied de devant, dont l'identité des formes avec les parties analogues du mégathère est presque absolue ; mais ces ossements sont d'un tiers plus petits, quoiqu'ils portent tous les caractères de l'état adulte. Dans son mémoire sur le mégalonyx, inséré au tome V des Annales du Muséum, M. Cuvicr a discuté et réfuté l'opinion de M. Faujas et de M. Jefferson, qui, se fondant sur la longueur des ongles, considéraient cet animal comme un grand carnassier à griffes acérées, appartenant peut-être au genre des chats.
En définitive, M. Cuvier rapproche le mégalonyx du mégathère, et considère ces deux animaux comme devant former un genre intermédiaire à ceux des bradypes ou paresseux et des fourmiliers. Il les considère tous deux comme herbivores, et le mégalonyx particulièrement comme un herbivore à la manière des paresseux, puisqu'il avait les dents faites comme les leurs. De la ressemblance de leurs pieds il conclut qu'ils avaient la même démarche, les mêmes mouvements, aux différences près que devait entraîner celle du volume qui était si considérable. « Ainsi, dit-il, le mégalonyx aura grimpé rarement sur les arbres, parce qu'il en aura trouvé rarement d'assez gros pour le porter. » Et cette différence d'habitude ne lui paraît pas plus surprenante que celle qui existe dans les habitudes des animaux du genre des chats, dont les petites espèces, telles que celles du chat sauvage et du lynx, grimpent avec facilité sur les arbres, tandis que les grosses, telles que le lion et le tigre, n'y montent jamais.