L'origine de Mère-folle (ou mère-folie)


Une société établie au XIVe siècle

Cette société facétieuse fut établie à Dijon sur la fin du XICe ou au commencement du XVe siècle, et confirmée en 1454 par Jean d'Amboise, évêque de Langres et gouverneur de Bourgogne. La joie en était l'âme, le plaisir seul en était l'objet. On croit, avec beaucoup de vraisemblance, qu'elle fut formée à l'instar de celle qu'Adolphe, comte de Clèves, érigea dans ses états vers l'an 1380.


Le fonctionnement de la société de la mère-folle

La société de la mère-folle, composée de plus de cinq cents personnes de toutes qualités, tenait ses assemblées dans une salle du jeu de paume de la Poissonnerie, à la réquisition du procureur fiscal, dit le fiscal-vert. Les trois derniers jours du carnaval, tous les membres de la société portaient des habillements bigarrés de couleur verte, rouge et jaune, un bonnet de pareille couleur à deux pointes, avec des sonnettes, et, dans la main, des marottes ornées d'une tête de fou.
Le chef de la société était appelé la mère-folle ; il avait sa cour, sa garde-suisse, ses gardes à cheval, ses officiers de justice et de sa maison, son chancelier et son grand écuyer. Ses jugements s'exécutaient nonobstant appel, qui se relevait directement au parlement. Son infanterie était composée de deux cents hommes, et portait un étendard parsemé de têtes de fous, avec cette devise :

Slutlorum infinitus exl numerus.
(Le nombre des fous ne peut se compter.}

La société avait un drapeau à deux flammes de trois couleurs, rouge, vert et jaune, sur lequel était représentée une femme assise, vêtue de pareilles couleurs, tenant en sa main une marotte à tête de fou, et un chaperon à deux cornes, avec une infinité de petits fous coiffés de même, qui sortaient de dessous sa jupe. Ceux qui étaient reçus dans la société obtenaient des lettres-patentes en parchemin, signées par la mère-folle et par le griffon-vert, en qualité de greffier, et scellées des armes de la société. Quand les membres de cette société s'assemblaient pour manger ensemble, chacun apportait son plat.


Le déroulement des grandes cérémonies

Dans les occasions solennelles, la compagnie marchait avec de grands chariots peints, sur lesquels plusieurs membres habillés follement récitaient des vers satiriques devant la porte des principaux de la ville ; le cortège était nombreux : quatre hérauts ouvraient la marche, suivis du capitaine des gardes, et des chariots qui précédaient la mère-folle, devant laquelle marchaient deux hérauts ; la mère-folle était montée sur une haquenée blanche, et suivie de ses dames d'atours, de six pages et de douze valets de pied ; ensuite paraissaient le porte-enseigne, soixante officiers, les écuyers, les fauconniers, le grand-veneur, le guidon, cinquante cavaliers, le fiscal-vert et deux conseillers, et enfin les Suisses, qui fermaient la marche.
Tous les événements qui étaient marqués au coin de la bizarrerie et de la singularité, les mariages mal assortis, les larcins, les assassinats, les rapts, les séductions, la troupe de la mère-folle les représentait sur un théâtre placé au milieu d'un grand chariot ; elle poussait même la fidélité de l'imitation jusqu'à s'habiller comme ceux à qui la chose était arrivée.
Pour être admis dans la société, il fallait que les récipiendaires répondissent en rimes aux questions que le procureur-fiscal leur faisait également en rimes. Le prince de Condé se soumit à cette formule en 1626. L'acte de réception qui lui fut délivré à cet effet est une pièce assez curieuse.


L'abolition de cette société

Par un édit donné à Lyon le 21 juin 1630, Louis XIII abolit cette société, comme contraire aux bonnes mœurs et à la tranquillité de la ville de Dijon.

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