L'origine de Notre-Dame de Paris

Les Annales de l'architecture, par M. Boulland, présentent une notice curieuse sur la métropole et le palais archiépiscopal de Paris. Aux détails donnés par ce savant architecte, nous en ajouterons d'autres, tirés d'un Aperçu du douzième siècle, insérés dans le volume intitulé Abailard et Héloïse, par Turlot, 1822.


Les trois époques de la construction de la cathédrale

Suivant la tradition et les écrits des légendaires, la construction de l'église de Paris, dans la Cité, doit être considérée sous trois époques différentes.

  • Premier temple : Sur l'emplacement de la petite église gothique de Saint-Denis-du-Pas, qui n'existe plus, les premiers chrétiens bâtirent un oratoire sous l'invocation de la Vierge, de saint Denis et de saint Etienne, devenus postérieurement les patrons de la grande église.

  • Deuxième temple : Childebert, fondateur de l'antique abbaye de Saint-Germain-des-Prés, fit construire, en l'an 522, sur une partie du terrain où, plusieurs siècles après, fut bâtie la cathédrale actuelle, un temple considérable et magnifique, ainsi que le dit Fortunatus, poète italien. Le prince donna aux deux frères de Notre-Dame, qui, alors cloîtrés, vivaient en communauté, quelques biens-fonds pour leur subsistance et les frais du culte divin.
    L'élégante architecture de la nef de cette église, ses galeries extérieures, et surtout sa haute tour carrée, percée à jour, attiraient tous les regards ; mais ce qui transportait d'admiration était ses vitraux brillants des plus vives couleurs du prisme. Childebert avait apporté d'Espagne le secret merveilleux de donner au verre toutes les teintes des pierres précieuses ; secret qui fut perdu à cette époque, et dont on ne retrouva les effets surprenants qu'au temps de l'abbé Suger. En 857, les Normands s'étant campés au lieu où nous voyons aujourd'hui la place de Grève, lancèrent des matières enflammées sur cette belle église, qui fut bientôt réduite en cendres.

  • Troisième temple : Le roi Robert, dit le Pieux, fils de Hugues Capet, résolut de rebâtir l'église de Notre-Dame d'après le plan tel qu'on le voit aujourd'hui, sauf les changements et accroissements qui y survinrent pendant le long laps de son exécution. La mort l'ayant frappé avant qu'il eût accompli son dessein, son fils Henri commença à exécuter le vœu de son père. Enfin un homme de génie, issu de parents pauvres et obscurs, Maurice de Sully, qui, étant devenu suppôt de l'Université, parvint ensuite (1159) au siège épiscopal de Paris, après avoir fait démolir un reste de l'ancienne église construite par Childebert, ainsi que l'oratoire de Saint-Etienne vers le midi, reprit avec vigueur les travaux interrompus depuis longtemps, et, aidé des aumônes et de la ferveur des fidèles, il termina en grande partie ce monument dans la seizième année du règne de Philippe-Auguste.
    Après la mort de cet évéque, arrivée en 1196, Odo de Sully, parent du monarque et de Henri roi d'Angleterre, animé du même zèle, continua les travaux sans interruption. Après avoir pratiqué des chapelles des deux côtés de la nef entre les piliers battants extérieurs, il fit continuer l'ouvrage jusqu'en 1208. Depuis, Pierre de Nemours et les évèqnes qui lui succédèrent terminèrent les dernières constructions, dirigées par l'architecte Jean de Chelles, en 1259. Enfin, cette basilique, l'ouvrage de tant de générations, après avoir, pendant tant de lustres, dominé majestueusement sur l'humble Cité, a toujours été depuis un des plus beaux ornements de l'orgueilleuse capitale.

Cet édifice est fondé sur pilotis ; sa longueur dans œuvre est, dit M. Dulaure (Histoire de Paris), de 65 toises ou 390 pieds ; sa largeur, prise à la croisée entre la nef et le chœur, de 24 toises ou 144 pieds ; sa hauteur, depuis le sol jusqu'à la partie la plus élevée de la voûte, est de 104 pieds.


Les portiques de Notre-Dame

La façade présente, au rez-de-chaussée, trois portiques de forme et de hauteur inégales : ces portiques, chargés d'une multitude d'ornements, l'étaient aussi de statues dont plusieurs ont, pendant la révolution, été dégradées ou détruites.
Un de ces portiques, celui qui est placé au-dessous de la tour septentrionale, est remarquable par un zodiaque. Il s'en trouve souvent à l'extérieur des anciennes églises ; mais le zodiaque de Notre-Dame a cela de particulier, qu'onze signes seulement, chacun accompagné de l'image des travaux champêtres ou attributs qui y correspondent, sont sculptés tout autour de la voussure du portique, et que le douzième signe, celui de la Vierge, au lieu d'être rangé parmi les autres, suivant l'usage, se trouve adossé au pilier qui sépare les deux portes de ce portique, et représenté sous la figure de la vierge Marie, figure dont depuis 1793, on ne voyait que la place et le piédestal, mais qui en 1818 a été rétablie.
Les portiques qui se voient aux deux extrémités de cette façade sont surmontés par deux grosses tours carrées, hautes chacune de 204 pieds, depuis le sol jusqu'à leur terrasse supérieure. Ces portiques, qui occupent les deux tiers de la façade, ont des portes remarquables par leurs ornements de fonte de fer. Elles sont l'ouvrage d'un serrurier appelé Biscornet, et présentent des enroulements multipliés et travaillés avec délicatesse. Cet ouvrage parut alors si merveilleux, que l'on crut que le diable s'en était mêlé.


Le bourdon de la cathédrale

Dans la tour du sud est la fameuse cloche dite le Bourdon, qu'on ne sonne que dans de grandes occasions. Elle pèse près de trente deux milliers. Fondue en 1682, et refondue en 1685, elle fut solennellement baptisée ou plutôt bénie. Louis XIV et la reine, son épouse, furent ses parrain et marraine. Elle reçut le nom d'Emmanuel-Louis-Thérèse. Le battant, qui fait retentir des sons graves et lugubres, pèse 973 livres.
Au-dessus de l'ordonnance inférieure on voit, sur toute la ligne de façade, vingt-sept niches où étaient, avant la révolution, vingt-sept statues, plus grandes que nature, représentant une suite de rois francs depuis Childebert jusqu'à Philippe-Auguste.

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