L'origine de Oraison funèbre


Depuis la plus haute antiquité

L'usage des oraisons funèbres est très ancien. Chez les Égyptiens et chez les Grecs, c'était un des plus proches parents du mort qui prononçait son oraison funèbre. Quelques auteurs prétendent que Solon, qui donnait des lois à Athènes au temps que Tarquin l'ancien régnait à Rome, fut l'auteur de cette coutume. Périclès prononça, au rapport de Thucydide, l'éloge funèbre des guerriers qui avaient péri dans un combat. Cet historien nous a conservé ce discours tout entier ; le style en est tout à la fois noble et simple ; à l'élévation des pensées, à la grandeur des sentiments, on serait tenté de croire que Thucydide a prêté à l'œuvre de Périclès la magie de son talent.


L'oraison funèbre dans la Rome antique

Chez les Romains, cette coutume commença presque avec la république. Valérius Publicola fut le premier qui l'introduisit. Junius Brutus, son collègue, ayant été tué dans un combat contre les Étruriens, il fit exposer son corps aux yeux du peuple ; puis, montant sur la tribune, il prononça l'éloge de cet illustre libérateur de Rome. Depuis ce temps, on continua de rendre ce tribut légitime
de louanges à tous les grands hommes ; c'était, comme chez les Grecs, un des parents du défunt qui prononçait ordinairement l'oraison funèbre.
On rendit aussi cet honneur aux dames romaines : ce fut une récompense de la générosité avec laquelle elles offrirent leurs bijoux et leurs pierreries pour contribuer à payer les sommes immenses que les Gaulois exigeaient de la république. Le sénat reconnaissant ordonna qu'à l'avenir les dames romaines seraient honorées, après leur mort, d'un éloge funèbre. Papiria fut la première qui jouit de ce privilège. Auguste, à l'âge de douze ans, fit l'oraison funèbre de son aïeule Julia.


L'oraison funèbre en France

En France, la première oraison funèbre qui ait été prononcée dans nos églises est celle qui fut faite, disent nos historiens, dans l'église de l'abbaye de Saint-Denis, à la mémoire du grand connétable Du Guesclin. Charles VI, plein de reconnaissance pour les services de ce grand homme, voulut renouveler ses funérailles en 1389. Le deuil fut conduit par le connétable Olivier de Clisson et par les maréchaux Louis de Sancerre et Mouton de Blainville. On présenta à l'offrande, suivant l'ancien usage, les chevaux et les armes du défunt, et l'évêque d'Auxerre, qui célébrait la messe, monta en chaire et prononça son oraison funèbre, ayant pris pour texte ces paroles : Nominatus est usque ad extrema terrœ : son nom a été célébré jusqu'aux extrémités de la terre.
Guillaume Petit, confesseur du roi Louis XII, fit trois oraisons funèbres pour la reine Anne de Bretagne ; une d'abord à Blois, où elle mourut, en 1514 ; la seconde à Notre-Dame de Paris, où son corps fut porté ; et la troisième à Saint-Denis, où il lut inhumé. Ces trois discours se ressemblent tous par le goût singulier qui régnait alors.
« L'oraison funèbre, telle qu'elle est parmi nous, dit Laharpe, appartient, ainsi que le sermon, au seul christianisme. C'est une espèce de panégyrique religieux dont l'origine est très ancienne, et qui a un double objet chez les peuples chrétiens, celui de proposer à l'admiration, à la reconnaissance, à l'émulation, les vertus et les talents qui ont brillé dans les premiers rangs de la société, et en même temps de faire sentir à toutes les conditions le néant de toutes les grandeurs de ce monde au moment ou il faut passer dans l'autre. »


Bossuet et Fléchier

Bossuet et Fléchier se sont immortalisés dans ce genre d'éloquence, et depuis ces deux grands orateurs nous n'avons pas eu, pour ainsi dire, une bonne oraison funèbre. Est-ce, s'écrie un auteur contemporain, la faute des morts ou celle des vivants ?
Les oraisons funèbres de la reine d'Angleterre, de Madame, et du grand Condé, ont placé Bossuet à la tête des orateurs français. Qui mieux que lui a parle de la vie, de la mort, de l'éternité, du temps ? Si quelquefois il marche avec une grandeur imposante et calme, il quitte bientôt une route certaine ; il va, il vient, il retourne sur lui-même, puis tout-à-coup on le voit s'élancer, s'élever encore,et imiter ainsi la nature, qui embellit l'ordre de l'univers par le désordre même. On a faussement comparé Bossuet à Fléchier ; l'un et l'autre se sont illustrés en prenant un essor différent. Le premier se distingue surtout par l'ardeur de ses mouvements, par la grandeur des pensées, par une élocution rapide et ferle ; il a su porter au plus haut degré l'art des oppositions, et son style est comme une suite de tableaux où toutes les images sont empruntées de la nature.
Fléchier, au contraire, possède plus l'art et le mécanisme de l'éloquence qu'il n'en a le génie. « L'amour de la politesse et de la justesse du style, dit le P. Delarue, l'avait saisi dès ses premières éludes. Il ne sortait rien de sa plume, de sa bouche, même en conversation, qui ne fût travaillé ; ses lettres et ses moindres billets avaient du nombre et de l'art ; il s'était fait une habitude et presque une nécessité de composer toutes ses paroles et de les lier en cadence. »

L'oraison funèbre n'a pas toujours eu des héros à célébrer ; elle a aussi à louer les vertus d'un ministre ou d'un magistrat, et celles bien plus cachées d'une femme d'un rang élevé, mais dont la conduite est toute chrétienne.

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