L'origine de Paon
Un oiseau originaire des Indes
Le paon est originaire des Indes. Alexandre le rapporta, au retour de ses conquêtes, à Babylone, où ce prince mourut. Ces oiseaux passèrent de là dans la Perse et la Médie, et c'est de ces royaumes que les Romains les tirèrent.
« L'orateur Quintus Hortensius, l'émule de Cicéron, fut le premier qui apprit aux Romains à manger des paons, dans un repas qu'il donna lorsqu'il fut créé augure. Les paons devinrent si fort à la mode, qu'on ne crut plus pouvoir donner à manger sans en servir. » (Dusaulx, traduction de Juvénal)
La mode de servir du paon d'apparence vivante aux festins
Sahizier, qui écrivait au XVIIIe siècle, rapporte, est-il dit dans l'Improvisateur français, qu'il était d'usage de son temps de servir au festin nuptial des gens riches un paon qui paraissait vivant, avec le bec et les pieds dorés. Pour cela, on le dépouillait de sa peau, et, après avoir fait cuire son corps avec de la cannelle, du girofle et d'autres aromates, on le recouvrait de sa peau et de ses plumes, et on le servait sans qu'il parût avoir été dépouillé. Ce mets était pour le plaisir des yeux, et l'on n'y touchait point ; l'oiseau se conservait dans cet état plusieurs années sans se corrompre, ce qui est une propriété qu'on croyait particulière à la chair du paon ; peut-être n'était-ce que l'effet des aromates.
Le paon aux repas de cérémonies
Le paon se servait aussi dans les repas de cérémonie. On le présentait au chevalier le plus distingué, qui s'engageait par serinent, sur le corps de l'oiseau, à se distinguer de nouveau par quelques actions d'éclat. La plus pompeuse et la plus mémorable de ces cérémonies se fit à Lille, en 1453, à la cour de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne.
Le faisan n'était pas en moins grande estime dans les temps chevaleresques : on le consacrait aux mêmes usages, et il y avait le vœu du faisan, comme le vœu du paon.
Les couleurs qui embellissent le plumage du paon, déjà si riches et si variées sous le même aspect, se diversifient encore en devenant mobiles avec l'oiseau lui-même, dont chaque position produit un jeu de reflets admirable. Toutes ces belles apparences, dit Haüy, proviennent de ce que les barbes qui s'insèrent latéralement sur les rameaux des plumes de l'oiseau, sont d'une ténuité qui avive les couleurs, et d'une densité qui fait varier leur position à mesure que l'obliquité du rayon visuel varie elle-même.