L'origine de Parasite
Un nom très honorable à l'origine
Non seulement, dit Furgault dans son Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, le nom de parasite n'avait rien d'odieux dans son origine, mais il était fort honorable. On le donnait à Athènes à certains ministres des autels qui prenaient soin du blé sacré, c'est-à-dire de celui qu'on recueillait des terres affectées à chaque temple et à chaque dieu. Ils avaient aussi la fonction de recevoir celui que les particuliers avaient coutume d'offrir aux dieux dans les fêtes solennelles, surtout à celles d'Apollon et d'Hercule, et d'en employer le plus beau pour faire les gâteaux salés qu'on présentait dans les sacrifices, ainsi que pour le pain qui se mangeait dans les festins dont ils étaient ordinairement suivis, et auxquels ils présidaient comme les épulons faisaient à Rome. Ces officiers étaient au nombre de dix ou douze à Athènes, tous choisis des familles les plus distinguées, et nourris aux dépens du public.
Devenu une injure
Dans la suite le nom de parasite fut pris en mauvaise part, et ne signifia plus qu'un écornifleur et un piqueur d'assiette. Plutarque prétend que Solon fut le premier qui appela ainsi ceux qui assistaient trop assidûment aux repas publics qu'il avait établis au Prytanée, en faveur des citoyens qui avaient rendu de grands services à la république, et que depuis ce temps-là le nom de parasite devint une injure.
A Rome, les parasites étaient, comme en Grèce, des quêteurs de tables, qui, sans être invités, cherchaient à vivre aux dépens d'autrui. Tous faisaient profession de bouffonnerie et de médisance, et payaient leur dîner par des bons mots ; souvent ils essuyaient des coups de bâton, les étrivières et toutes sortes d'affronts. On en distinguait de deux sortes : les uns qui se donnaient entièrement à un maître ; les autres qui, n'ayant point de maître assuré, allaient tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, mais toujours de préférence chez celui dont la cuisine était la meilleure.
Les parasites dans la comédie gréco-romaine
Les poètes comiques grecs, Aristophane entre autres, ne mettaient si souvent les parasites sur la scène que parce qu'ils trouvaient dans cette espèce de personnages une source inépuisable de plaisanterie : ils leur donnaient pour ornement une étrille, une bouteille et une houlette. Plaute, qui en introduit dans la plupart de ses comédies, leur fait dire par la bouche du parasite Ergasilus (scène première des Captifs): « Quand nos maîtres sont, absents, nous autres parasites nous sommes souples comme des chiens de chasse ; mais lorsqu'ils sont de retour, nous sommes des dogues fort hargneux et fort importuns. »
En effet les parasites n'avaient pas plus tôt un libre accès chez les grands qu'ils les traitaient, non comme des bienfaiteurs, mais comme des tributaires. Les dames de qualité à Rome avaient aussi leurs parasites ; c'étaient des femmes complaisantes qui gagnaient leur vie à leur conter des douceurs, à louer leur beauté, leur naissance, leur propreté, leurs habits, leurs meubles, etc.