L'origine de Pasquin et pasquinade


Des significations multiples

« Ce mot, dit La Monnoye (Contes, de Desperriers, 1735), se prend tantôt pour un front de statue informe ainsi nommée, qui est dans une place de Rome, près le Champ de Fleur ; tantôt pour quelque mot, épigramme, vaudeville ou autre courte pièce satirique, soit contre le gouvernement en général, soit contre quelque magistrat en particulier ou autre personne de distinction. Le nom de Pasquin a été donné à ces sortes d'écrits, en quelque lieu qu'on les compose ou qu'on les fasse courir, parce que les premiers de cette nature furent faits à Rome et attachés à la statue de Pasquin.
Une chose que personne n'a remarquée touchant le nom de Pasquin, c'est que l'origine en pourrait bien venir d'un Siennois nommé Pasquin, homme à bons mots, dont Pogge a fait mention. »


Le premier pasquin

Quant au premier Pasquin dont le nom aurait été conservé et aurait donné naissance au mot pasquinade, c'est ainsi que Bellingen (Étymologie des proverbes français) se plaît à en raconter l'histoire : « Pasquin, suivant le rapport d'Itroine Thibaud de Ferrare, était en son vivant le plus fameux cordonnier de Rome, qui avait sa maison à l'endroit même où la statue qui porte son nom est à présent nichée... Il prenait plaisir avec ses ouvriers à brocarder et à railler tout le monde... Toutefois l'humeur du personnage étant connue, personne ne s'offensait. Quelque temps après le décès de Pasquin, les voyeurs (nous disons aujourd'hui voyers) de la ville faisant réparer le pavé devant son logis, trouvèrent, en fouyssaut (vieux mot) la terre, l'effigie d'un ancien gladiateur, assez bien faite, mais mutilée et demi-gâtée. Pour n'avoir pas la peine de la porter plus loin, et pour orner l'endroit où elle avait été trouvée, qui faisait le coin du logis de ce maître moqueur, ils la firent nicher à l'encoignure de ce carrefour. Dés lors, comme si de ce tous les syndics et esprits satiriques de la ville de Rome eussent tenu conseil ensemble pour donner un nom à ce marmouset, et d'un consentement unanime, on le nomma Pasquin, du nom de cet archirailleur ; et, parce qu'il avait une langue et ne pouvait parler, les médisants commencèrent dès lors à y attacher leurs satires et médisances pour le faire parler par écrit, puisqu'il n'avait plus de bouche pour s'exprimer, et donnaient dès ce temps-là dans Rome à ces discours satiriques, comme on a toujours fait partout le reste de l'Europe, le nom de Pasquin. »

La statue de Marforio, à laquelle on attachait les réponses à ces satires, sert aujourd'hui de fontaine dans une des ailes du Capitole. Quoiqu'on n'affiche plus de libellés à ces statues, le nom de pasquinades néanmoins est toujours resté à ces sortes de satires, auxquelles ont été plus d'une fois en butte les cardinaux, les papes, et même les puissances étrangères. Un exemple suffira pour donner une idée de ces railleries piquantes. La signora Camilla, sœur de Sixte V, et qui autrefois avait fait la lessive, étant devenue princesse, on vit le lendemain Pasquin avec une chemise sale. Marforio lui demandant la raison d'une si grande négligence : « C'est, répondit-il, que ma blanchisseuse est devenue princesse. »

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