L'origine de Philtre
Breuvage ou autre drogue que l'on croit propre à donner de l'amour ; ce mot vient d'un verbe grec qui signifie aimer.
Connu depuis l'antiquité
Les anciens connaissaient les philtres, et dans la confection de ces poisons ils invoquaient les divinités infernales. Il entrait dans leur composition diverses herbes ou matières, telles que le poisson appelé remore, certains os de grenouilles, la pierre astroïte, et surtout l'hippomane. Delrio ajoute qu'on s'y est aussi servi de sperme humain, de sang menstruel, de rognures d'ongles, des métaux, des reptiles, des intestins de poissons et d'oiseaux, et qu'il y a eu des hommes assez impies pour mêler avec tout cela de l'eau bénite, du saint-chrême, des reliques de saints, des fragments d'ornements d'église, etc.
On a longtemps cherché, dans les bois et les plaines,
Un remède infaillible aux amoureuses peines.
On croyait que le jus de quelques végétaux
Dans les cœurs agités ramenait le repos,
Fléchissait un objet orgueilleux et sauvage,
Et pouvait à ses fers rendre un amant volage.
Antique illusion ! frivole et vain espoir !
La fille du Soleil, dont le fatal pouvoir,
Renversant à son gré les lois de la nature,
Aux humains étonnés dérobait leur figure,
Et celle que Jason a vue, en sa faveur,
Du dragon de Colchos endormir la fureur,
Malgré tous les efforts de leur magique adresse,
N'ont su fixer d'un cœur l'inconstante tendresse.
(Castel, Les plantes)
Les philtres naturels
Sans avoir recours à ces moyens absurdes, on trouve dans la nature des philtres ou, si l'on veut, des charmes dont la puissance n'est point douteuse : ce sont les grâces, la beauté, les dons du cœur et de l'esprit, la sympathie des humeurs, et surtout ce désir, ce besoin qui attire incessamment un sexe vers l'autre. « Malgré ces charmes innocents, dit l'auteur du Dictionnaire de l'industrie, on a vu, dans des temps d'ignorance, de jeunes mariés, peu instruits et d'une imagination faible et susceptible, attribuer au pouvoir de la magie, à des maléfices, à des sortilèges, une impuissance idéale et destituée de cause physique. C'est alors dans les ressources mêmes de l'imagination qu'il faut chercher un remède propre à dénouer l'aiguillette. »