L'origine de Ponctuation
Les espaces vides comme le début de la ponctuation
C'est l'art d'indiquer dans l'écriture, par des signes reçus, la proportion des pauses que l'on doit faire en lisant. Avant de ponctuer les manuscrits, on commença, pour en faciliter l'intelligence, par laisser un espace vide entre chaque phrase ; c'est la plus ancienne manière de distinguer les pauses et le sens complet ou incomplet du discours ; puis on mit chaque phrase ou demi-phrase à l'alinéa.
Cette mode passa dès le VIIe siècle. A l'exemple de Cicéron et de Démosthène, saint Jérôme introduisit cette stichométrie ou distinction par versets dans les manuscrits de l'Écriture sainte ; d'où l'on peut inférer que l'introduction des stiques ou divisions en versets et demi-versets, dans les livres prosaïques de l'Ancien Testament, étant due à saint Jérôme, les manuscrits latins, ainsi divisés, ne doivent pas être estimés antérieurs à ce saint docteur : on prouve néanmoins, par ses ouvrages, qu'avant lui on observait déjà quelques divisions de versets. Quelques uns se contentèrent de mettre au commencement de chaque nouvelle phrase une lettre un peu plus grande, et qui avançait sur la marge plus que les autres lignes ; mais la distinction par des vides en blanc fut la plus suivie.
Les premiers signes de ponctuation
Ces espaces vides, servant de points et de virgules, donnèrent naissance à la ponctuation. Dom Bernard de Montfaucon croit que la ponctuation des manuscrits n'est pas plus ancienne qu'Aristophane. On accorde à ce grammairien l'invention des signes distinctifs des parties du discours. Le seul point, mis tantôt au haut, tantôt au bas, et tantôt au milieu de l'espace qui suivait la dernière lettre, marquait les trois sortes de distinctions des anciens. L'une n'était qu'une petite pause ou une légère respiration nommée incisum chez les Latins, et comma chez les Grecs ; et alors on mettait le point au bas de l'épaisseur de la ligne, comme nous le mettons actuellement. La seconde était une pause plus grande, mais qui laissait encore l'esprit en suspens : on l'appelait membre et colon chez les Grecs, et on la désignait par le point marqué au milieu de la largeur de la ligne. La dernière termine le sens, et ne laisse plus rien à désirer ; on la marquait par le point placé au haut de l'épaisseur de la ligne. Dans la suite on divisa la seconde en demi-membre. Depuis plusieurs siècles, la première est régulièrement désignée par une virgule ; le membre par deux points perpendiculaires ; le demi-membre par un point et une virgule ; et la dernière par un point mis au bas du mot.
« Les Latins, lisons-nous dans l'année littéraire (1766), mirent d'abord un point après chaque mot. Cette méthode imparfaite empêchait de les confondre, mais souvent elle fit confondre les phrases, et par conséquent le sens du discours : il fallut donc l'abandonner.
Au commencement du IXe siècle, Alcuin inventa l'art de ponctuer, sans employer encore toutes les figures dont nous nous servons aujourd'hui. Un point, placé vers l'extrémité inférieure d'un mot, avait l'effet de notre virgule ; placé vers le milieu du mot, il faisait l'effet de nos deux points ; et il revenait à la valeur de notre point seul lorsqu'il se trouvait vers l'extrémité supérieure : quand il était question d'un sens fini, on mettait trois points les uns sur les autres. A la fin du VIIIe siècle, les plus grands maîtres ne faisaient pas les distinctions et les pauses avec la même facilité que le font aujourd'hui les plus petits enfants par le moyen de la ponctuation. »