L'origine de Prière


La prière dans la Rome et la Grèce antique

Les Romains, dit Millin dans son Dictionnaire des beaux-arts, priaient debout, la tête voilée, afin de n'être pas troublés, comme dit Virgile, par quelque face ennemie, et pour que l'esprit fût plus attentif aux prières. Un prêtre prononçait les prières avec tout le monde, afin qu'on n'en transposât rien, et qu'elles fussent faites sans confusion. Pendant les prières on touchait l'autel, comme faisaient ceux qui prêtaient serment. Les suppliants embrassaient quelquefois les genoux des dieux ; ils portaient aussi la main à la bouche, d'où vient le mot adoration. Enfin ils se tournaient ordinairement du côté de l'orient pour prier.
Les Grecs faisaient aussi leurs prières debout ou assis, et ils les commençaient toujours par des bénédictions ou par des souhaits ; lorsqu'ils les allaient faire dans les temples, ils se purifiaient auparavant avec de l'eau lustrale.


La position des mains pour prier chez les chrétiens

La plus ancienne attitude, pendant les prières, était d'élever les mains de manière à présenter la paume vers le ciel. Les chrétiens conservèrent d'abord, en faisant leurs prières, cette ancienne attitude, indiquée entre autres dans le Prométhée enchaîné d'Eschyle.
A l'époque où le crucifix devint un objet de dévotion, ils changèrent cette attitude ; ils étendaient les bras pour imiter la forme de la croix. C'est ainsi que Constantin se fit figurer sur les médailles et sur d'autres monuments. Cette attitude a été la plus commune pendant le moyen âge, et jusque bien avant dans le XIIe siècle. Alors on commença à croiser les bras sur la poitrine ; ensuite on éleva seulement les mains, dont on joignit l'intérieur à moitié creux. On en vint enfin à la manière usitée encore aujourd'hui, déplier les mains en joignant les doigts, qui a évidemment le même but que l'usage des Orientaux, de lier, pour ainsi dire, les mains, en signe de soumission, par les longues manches qui s'emboîtent l'une dans l'autre.
C'est ce qu'on peut conclure d'une lettre du pape Nicolas, adressée en 860 aux Bulgares convertis au christianisme. Après avoir assuré que ce n'est pas par un ordre exprès de l'Eglise qu'on joint les mains, mais que c'est cependant une attitude convenable à ceux qui prient Dieu, il ajoute : « Dans l'Évangile, on lie aux méchants les mains et les pieds; or lier ou joindre les mains en présence du Seigneur, c'est comme si l'on disait : Seigneur, n'ordonne point que les mains me soient liées et qu'on me jette dans les ténèbres ; vois, j'ai moi-même lié mes mains, je suis prêt à recevoir tes châtiments. » Ce passage remarquable nous fait voir que, vers la fin du IXe siècle, la coutume de joindre les mains en croisant les doigts n'était pas encore générale, et qu'on demanda au pape son opinion à ce sujet. Ce même passage nous apprend aussi que cette attitude est une démonstration d'humilité et de soumission vraiment orientale.


Les prières selon les peuples

Les Égyptiens priaient pour les morts, ainsi que le prouve un morceau de leur liturgie que Porphyre nous a conservé. Les Hébreux empruntèrent d'eux cette pratique, qui était déjà établie du temps des Machabées, et les chrétiens l'ont adoptée. Les Romains avaient des cérémonies usitées pour apaiser les mânes, et des espèces de formules à cet égard. « Nous ne connaissons aucune religion sans prière, dit Voltaire dans son Dictionnaire philosophique ; les Juifs mêmes en avaient, quoiqu'il n'y eut point chez eux de formule publique jusqu'au temps où ils chantèrent leurs cantiques dans leurs synagogues, ce qui n'arriva que très tard. Tous les hommes, dans leurs désirs ou dans leurs craintes, invoquèrent le secours d'une divinité. »
Epictète, qui vivait à Rome dans le temps que saint Paul y faisait tant de conversions, loin de profiter de l'éclat que jetait le christianisme naissant, blasphémait contre la foi des premiers chrétiens ; la prière qu'Epictète souhaitait de faire en mourant était bien celle d'un stoïcien tout fier de sa vertu. En voici un fragment tiré d'Arrien : « Seigneur, ai-je violé vos commandements ? ai-je abusé des présents que vous m'avez faits ? me suis-je jamais plaint de vous ? ai-je accusé votre providence ? J'ai été malade parce que vous l'avez voulu, et je l'ai voulu de même ; j'ai été pauvre parce que vous l'avez voulu, et j'ai été content de ma pauvreté ; etc.. » Tel n'était point le langage de saint Paul. « Je n'ose pas me juger moi-même, disait-il ; car encore que ma conscience ne me reproche rien, je ne suis pas justifié pour cela ; mais celui qui me juge, c'est le Seigneur. »

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