L'origine de Prison
La première prison dont il soit fait mention dans l'Ecriture est celle où fut renfermé Joseph, injustement accusé par l'épouse de Putiphar, et où il eut pour compagnons d'infortune le grand échanson et le grand panetier du roi Pharaon.
Les prisons dans l'antiquité greco-romaine
Par les différents passages des auteurs grecs et romains, on voit que chez eux les prisons étaient composées de pièces ou de chambres plus ou moins affreuses ; quelquefois aussi les prisonniers n'étaient gardés que dans un simple vestibule où ils avaient la liberté de voir leurs parents, leurs amis, comme il paraît par l'histoire de Socrate. Quelquefois, et selon la nature des crimes, ils étaient renfermés dans des souterrains obscurs et dans des basses fosses humides et infectes ; c'est dans une prison pareille qu'on fit descendre Jugurtha, suivant le rapport de Salluste.
La plupart des exécutions se faisaient dans la prison, surtout pour ceux qui étaient condamnés à être étranglés ou à boire la ciguë. L'établissement des prisons, à Rome, est attribué, par Eutrope, à Tarquin-le-Superbe ; les autres auteurs le rapportent à Ancus Martius, et disent que Tullus y ajouta un cachot qu'on appela longtemps tullianum.
Selon Juvénal, il n'y avait, sous les rois et sous les tribuns, qu'une prison à Rome. Sous Tibère, on en construisit une nouvelle qu'on nomma la prison de Mamertin.
Les différentes prisons
Les Actes des apôtres, et toute l'histoire ecclésiastique des premiers siècles prouvent qu'alors il n'y avait presque pas de ville dans l'empire qui n'eût une prison dans son enceinte ; et les jurisconsultes en parlent souvent dans leurs commentaires sur les lois. Les lieux connus sous le nom de latomiœ et de lapidicinœ ont été pris par quelques auteurs pour des mines auxquelles on condamnait certains criminels ; mais il paraît plutôt que c'étaient de véritables prisons creusées dans le roc, ou de vastes carrières dont on bouchait exactement toutes les issues. Ces deux espèces de prison, suivant Millin, différaient en cela que ceux qui étaient renfermés dans les premières n'étaient point attachés et pouvaient y aller et venir, au lieu que dans les autres, on était enchaîné et chargé de fers.
Il y avait des prisons qu'on appelait libres, parce que les prisonniers n'étaient point enfermés, mais seulement commis à la garde d'un magistrat, d'un sénateur, etc., ou arrêtés dans une maison particulière, ou laissés à leur propre garde dans leur maison, avec défense d'en sortir. Les lois de Trajan et des Antonins avaient défendu les prisons domestiques, ou ce que nous appelons chartes privées ; cependant, dans certains cas, il était permis à un père de tenir en prison, chez lui, un fils incorrigible ; à un mari d'infliger la même peine à sa femme ; à plus forte raison un maître avait-il le droit de mettre en prison ses esclaves : le lieu où l'on mettait ceux-ci s'appelait ergastulum.
Les prisons des monastères
Anciennement les monastères avaient des prisons ; on y portait souvent les châtiments au-delà d'une sévérité prudente. Il y eut même des abbés assez barbares pour faire mutiler leurs religieux ou leur faire crever les yeux. Ces excès furent blâmés par Charlemagne, condamnés par les conciles, et réprimés par le roi Jean. Néanmoins, il y a presque toujours eu, dans certains ordres, des prisons monastiques très rigoureuses, qu'on nommait vade in pace.
L'amélioration des conditions de détention
Il y a longtemps qu'on s'occupe en France de l'amélioration des prisons. La déclaration royale, du 23 août 1780, enregistrée en parlement le 5 septembre suivant, fait connaître que Louis XVI, après avoir fait exécuter à la Conciergerie les changements que l'ordre et l'humanité réclamaient, avait fait l'acquisition de l'hôtel de la Force pour y renfermer les prisonniers détenus au For-l'Evêque et au Petit-Châtelet, et qu'en même temps que le roi faisait préparer dans ce nouvel établissement des habitations et des infirmeries particulières, ainsi que des préaux séparés pour les différents genres de prisonniers, il faisait faire dans le Grand-Châtelet, destiné à recevoir seulement les prisonniers poursuivis en matière criminelle, de nouvelles distributions, et détruire tous les cachots pratiqués sous terre, ne voulant plus risquer que des hommes accusés ou soupçonnés injustement, et reconnus ensuite innocents par les tribunaux, aient essuyé d'avance une punition rigoureuse par leur seule détention dans des lieux ténébreux et malsains ; et notre pitié jouira même d'avoir pu adoucir, pour les criminels, ces souffrances inconnues et ces peines obscures qui, du moment qu'elles ne contribuent point au maintien de l'ordre par la publicité et par l'exemple, deviennent inutiles à notre justice, et n'intéressent plus que par notre bonté.