L'origine de Religion

Croyance que l'on a dans la Divinité, et culte qu'on lui rend.


Un être suprême dans chaque peuple

Dans quelques pays qu'on se transporte, à quelque époque que ce soit, on trouve des prêtres et des fêtes, des sacrifices et des cérémonies religieuses, des temples et des lieux consacrés à la religion. Partout les peuples, soit par respect, soit par crainte, rendent à un être suprême des hommages et des honneurs ; dans tous leurs besoins cette puissance est invoquée : les mariages, les alliances, les marchés se règlent sous ses auspices ; c'est par là que commencent et finissent les repas. Néanmoins les peuples, en ne reconnaissant d'abord qu'une seule divinité, n'y furent point conduits par une raison supérieure et cultivée ; car au lieu d'invoquer le dieu d'un village, d'une localité, ils auraient adoré le dieu de la nature entière ; mais ils n'examinèrent point, ils sentirent : c'est là le progrès de notre faible entendement. Chaque bourgade sentait sa faiblesse et le besoin qu'elle avait d'un fort protecteur ; et cet être tutélaire, qui avait une puissance d'autant plus grande qu'elle était environnée de mystères, résidait ordinairement dans la forêt voisine, sur une montagne ou dans une nuée.
Le premier nom qui dut s'offrir à la pensée des premiers hommes fut celui de maître, de seigneur : aussi voyons-nous les premiers Égyptiens appeler leur dieu Knef ; les Syriens, Adoni ; les peuples voisins, Baal, ou Bel, ou Melch, ou Moloch ; les Scythes, Papée ; tous mots qui signifiaient seigneur, maître. C'est ainsi qu'on trouva toute l'Amérique partagée en une multitude de peuplades ayant chacune leur dieu protecteur : les Mexicains même et les Péruviens, qui étaient deux grandes nations, n'avaient également qu'un seul dieu ; l'une adorait Manco Kapak, l'autre le dieu de la guerre.


La multiplication des dieux

Cependant l'imagination des hommes commençant à s'échauffer, leur esprit acquit quelques connaissances confuses ; ils multiplièrent leurs dieux, assignèrent des protecteurs aux éléments, aux mers, aux fontaines, aux campagnes. La société naissante reçut ainsi des bienfaits nouveaux du polythéisme, et trouva dans cette croyance sa base et sa sanction.
Nous voyons effectivement, dans l'histoire, des trêves consacrées interrompre des guerres sanglantes entre des peuplades barbares, des fêtes religieuses rapprocher ces tribus défiantes et farouches. Nulle guerre ne se déclare, nul combat ne se donne, nulle entreprise ne se forme, sans avoir auparavant employé le secours de leurs dieux ; la gloire des succès leur est toujours rapportée par des actions de grâces publiques, et par l'oblation des plus précieuses dépouilles que l'on ne manque jamais de mettre à part, comme leur appartenant de droit. Peu à peu cette assemblée des immortels se dégagea de sa ressemblance avec la nature humaine ; elle étendit sa protection sur le faible et l'étranger, et prêtant sa garantie surnaturelle à toutes les vertus, elle dirigea spécialement sa sévérité contre le vice.


L'avènement du monothéisme

L'homme ayant encore acquis des lumières nouvelles ne supporta plus l'idée d'un morcellement dans la nature divine ; le théisme descendit du ciel, et couvrit la terre des effets de son heureuse influence. Sans doute quelques particuliers, gâtés par une mauvaise philosophie, osèrent de temps en temps s'élever contre cette doctrine ; mais ils furent aussitôt désavoués par un cri public, et demeurèrent seuls, sans faire corps et sans former de sectes ; tout le poids de l'autorité tomba sur eux jusqu'à mettre leur tête à prix, et ils furent regardés comme des hommes exécrables et indignes désormais de faire partie de la société. Un consentement si général, si uniforme, si constant, de toutes les nations de l'univers, n'a donc pu venir que d'un premier principe qui fait partie de la nature de l'homme, et d'une tradition primordiale aussi ancienne que le monde même. Telle est l'origine et la source de la religion des anciens, véritablement digue de l'homme, dit Rollin, s'il avait pu se tenir à la simplicité et à la pureté de ces premiers principes ; mais bientôt ils furent étrangement altérés par les erreurs de l'esprit et les vices du cœur, funestes effets de la corruption de la nature humaine.


Les progrès du christianisme

Tout porte à croire que ce fut dans ces temps où le culte d'un Dieu suprême était universellement établi chez tous les sages, en Asie, en Europe et en Afrique, que la religion chrétienne prit naissance. Il ne s'était point encore écoulé deux mois depuis la mort de Jésus-Christ, lorsque tout-à-coup les apôtres se montrent et enseignent publiquement au milieu de Jérusalem : de là leur doctrine se répand dans toute la Judée et dans les provinces circonvoisines ; bientôt elle pénètre dans la Grèce, dans l'Italie et jusque dans l'Espagne. Les apôtres fondent des églises à Corinthe, à Philippes, à Thessalonique , à Éphêse, à Antioche, à Rome, dans l'île de Crête, dans le Pont, dans la Cappadoce, la Galatie, la Bithynie, etc. Suivant l'Apocalypse de saint Jean des églises régulières étaient gouvernées par des prêtres, avant la fin du premier siècle, dans les principales villes de l'Asie mineure ; et le siècle suivant, les Gaules, la Germanie, l'Ibérie, l'Orient, l'Egypte et la Libye avaient vu fonder dans leur sein de pareils établissements : l'histoire profane est en cela d'accord avec l'histoire ecclésiastique. Tacite nous apprend que sous le règne de Néron, seulement trente ans après la mort de Jésus-Christ, il y avait à Rome une grande multitude de chrétiens , ingentem multiludinem.
Depuis sa naissance jusqu'au temps de Constantin, le christianisme n'a presque jamais cessé d'être en butte aux plus violentes persécutions. A Jérusalem les apôtres sont emprisonnés, fustigés ou mis à mort ; de toutes parts les Juifs les poursuivent, les accusent devant les tribunaux ou soulèvent le peuple contre eux. Néron rejette sur les chrétiens l'incendie de Rome, et les fait expirer dans des supplices affreux ; Domitien, Trajan, Sévère, Aurélien, Dioclétien, publient des édits sanguinaires contre le christianisme ; enfin dans toute l'étendue de l'empire une populace superstitieuse demande à grands cris le sang des chrétiens, et leurs tourments font partie des spectacles et des jeux publics. Ces persécutions auraient sans doute anéanti tout autre culte que le christianisme ; mais celui-ci sortit avec gloire de toutes ces vicissitudes, et tira de ses revers mêmes sa force et sa puissance. Dès cette époque le nombre des chrétiens s'accrut rapidement dans toutes les contrées, et aujourd'hui il n'existe point une partie de la terre civilisée où l'homme ne bénisse les bienfaits du christianisme. Certes au nom de la religion on a fait beaucoup de mal à l'humanité ; les auto-da-fé ont remplacé les sacrifices humains ; des révolutions inouïes, anéantissant toutes les connaissances, ont rejeté pendant plusieurs siècles les hommes dans l'ignorance et dans la barbarie ; mais nul doute cependant que la religion, même dans ces temps de ténèbres, n'ait produit quelque bien, et n'ait contribué plus tard, dégagée des entraves dont le fanatisme l'entourait, aux progrès de l'esprit humain. Ne confondons point le sentiment religieux avec ce que des hommes non religieux ont fait en son nom ; il faut en accuser la faiblesse des hommes, et surtout rendre grâce à la Providence de ne nous avoir jamais abandonné dans les temps même où nous la mettions en problème.
La Charte constitutionnelle a consacré le principe de la liberté des cultes, en reconnaissant toutefois la religion catholique, apostolique et romaine pour religion de l'état.


Les religions polythéistes et les religions monothéistes

Le polythéisme consiste à reconnaître plusieurs dieux ; on y distingue : 1° le fétichisme ou l'adoration des choses animées ou inanimées que les peuples sauvages ont déifiées ; 2° le sabéisme ou l'adoration des corps célestes : ce culte, autrefois très répandu, n'existe plus que chez quelques peuplades isolées ; 3° la mythologie, ou la religion des Égyptiens, des Grecs, des Romains et des Celtes ; 4° le bramisme, en vigueur dans l'Inde ; 5° le boudhisme, ou l'adoration de Boudha, est suivi à Siam, au Sri Lanka, en Chine et chez les Birmans ; 6° enfin, le chamanisme, qui a pour chef le Dalai lama, est relégué dans une partie de l'Asie et dans quelques contrées de la Russie.
Dans le théisme, qui n'admet qu'un dieu, on distingue: 1° le judaïsme, divisé lui-même en koraïtes, qui ne reconnaissent que l'autorité de l'Ancien Testament ; et en rabbinistes, qui reconnaissent celle du Tabnud ; 2° l'islamisme, fondé par Mahomet en 620, domine en Afrique et dans une grande partie de l'Asie ; 3° le christianisme, ou la religion révélée par Jésus-Christ : il comprend l'église grecque ou orientale, qui, dominante en Russie, est tolérée chez les Turcs ; et l'église latine ou occidentale, laquelle est divisée en deux parties, savoir :

  • L'église catholique, apostolique et romaine, dont le pape est le chef spirituel ; elle domine en Italie, en Autriche, en Pologne, en Allemagne, en Belgique, en France, en Espagne, au Portugal, en Irlande, dans quelques cantons suisses, et dans les anciennes colonies espagnoles, portugaises et françaises.
  • Le protestantisme, qui ne reconnaît point l'autorité du pape ; il se divise en trois branches, savoir : le luthéranisme, reconnu en Pologne, en Allemagne, au Danemark, en Suède ; le calvinisme, en Suisse, en Allemagne, en Hollande ; l'église anglicane, qui domine en Angleterre, et qui se distingue des autres communions protestantes en ce qu'elle a conservé la hiérarchie des évêques.

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