L'origine de Restauration


La restauration des ouvrages imprimés

Au début du XIXe siècle, M. Chaptal publia un procédé par lequel il blanchissait des livres et des estampes par le secours de l'acide muriatique oxygéné ; mais il paraît que les dangers qui accompagnaient cette opération et les précautions qu'il fallait prendre étaient tels qu'elle n'a point été mise en usage. MM. Vialard et Heudier ont fait succéder à ces simples expériences de la chimie une méthode complète et sûre. D'après les attestations les moins équivoques, les auteurs parviennent à restaurer les ouvrages les plus maltraités par le temps, font disparaître les taches de moisissure, rétablissent dans son premier éclat l'encre altérée, rebouchent les trous de ver ; et la place du feuillet, que l'on ne pouvait toucher sans une destruction immédiate, se trouve restaurée par une pâte blanche et solide. Enfin les éditions les plus anciennes et qui avaient le plus souffert des injures du temps ont sorti de leurs mains avec toute la fraîcheur et l'éclat de l'exécution primitive.


La restauration des tableaux

L'art de restaurer les tableaux gâtés par le temps, les accidents, la poussière, la fumée, etc., de leur rendre leur premier éclat, leur première beauté, est une découverte due aux temps modernes, et on l'a porté à une très grande perfection. Au XIXe siècle, on est parvenu, dit Millin (Dictionnaire des beaux-arts), à des moyens efficaces de restauration : on transporte sur une toile nouvelle une peinture dont la toile se détruit, ou dont le bois est vermoulu ; on fait disparaître les touches profanes d'un pinceau étranger ; on supplée avec scrupule aux traits effacés, et on rend la vie au tableau qui finissait ou qui était défiguré.
Il paraît que c'est surtout aux Vénitiens qu'est dû l'art de restaurer les tableaux. Cet art était à Venise plus nécessaire que partout ailleurs. Le climat, l'humidité de l'air, et la proximité de la mer qui imprègne l'atmosphère de parties salines, devaient avoir et avaient en effet une influence funeste sur les tableaux. C'est ce qui engagea le gouvernement de Venise à pensionner quelques habiles artistes pour qu'ils eussent à veiller à la conservation des tableaux appartenant à l'état, et à nettoyer sans danger ceux qui avaient souffert. En 1778, on consacra à ce genre de travail une grande salle à Saint Jean-Paul, et la direction en fut confiée à M. Pierre Edwards.
Si on doit l'invention de cet art aux Vénitiens, on peut dire aussi que c'est à Paris qu'il a surtout fait des progrès. On peut citer à ce sujet la suite des tableaux de Lesueur qui représentent la vie de saint Bruno. Mais la restauration la plus remarquable est celle d'un des plus fameux tableaux de Raphaël, connu sous le nom de la Vierge de Foligno. Le tableau dont nous parlons représente la Vierge, l'enfant Jésus, saint Jean, et plusieurs autres figures de différentes grandeurs. Il était peint sur un fond de bois blanc ; une fente s'étendait depuis le cintre jusqu'au pied gauche de l'enfant Jésus ; depuis cette fracture jusqu'au bord, la surface formait une courbe ; le tableau s'écaillait dans plusieurs parties, et un grand nombre d'écailles s'étaient déjà détachées ; la peinture était de plus piquée de vers dans plusieurs endroits. La partie mécanique de la restauration de ce tableau a été confiée à M. Hacquins, qui, en l'an X (1801), est parvenu à détacher entièrement la peinture du bois et à la replacer sur une nouvelle toile. La restauration pittoresque a été confiée à M. Raeser, dont les talents en ce genre étaient depuis longtemps connus de l'administration du Musée, et dont les succès multiplies ont motivé la confiance qu'elle lui a accordée.
Antérieurement à cette époque, en 1752, un sieur Picaut a transporté dans toute sa beauté, sur une nouvelle toile, le tableau qui représente saint Michel foudroyant les anges rebelles. Ce tableau a été peint sur bois par Raphaël en 1518.


La restauration des statues

La restauration des statues consiste à rattacher les parties brisées, quand elles se trouvent être intactes d'ailleurs, et à refaire et à adapter à l'ouvrage des parties neuves en remplacement de celles qui sont perdues. L'art et l'usage de restaurer les tableaux, dit M. Boutard dans son Dictionnaire des arts du dessin, utiles pour prolonger l'existence de quelques ouvrages, ont trop souvent pour effet la destruction avant le temps de tableaux qui auraient pu plaire encore et conserver un grand prix dans leur état de vétusté. Il arrive aussi que le brocanteur, abusant de la crédulité des amateurs applique dérisoirement cet art à des tableaux tellement usés, qu'après l'opération faite il ne reste plus en effet de l'ouvrage original que la vieille toile et le nom du vieux maître et tout au plus quelques parties insignifiantes de la vieille peinture. Il en est de même des statues restaurées, dont souvent plus de la moitié de la figure, et dans celle moitié les parties les plus importantes, sont de la main du sculpteur restaurateur.
De là il résulte de deux choses l'une : ou que l'on a, par morceaux désagréablement rapportés et rassortis l'un à l'autre, une statue qui ne présente rien de meilleur que ce qu'eût pu faire d'un seul bloc le premier sculpteur venu ; ou qu'un fragment antique, beau et précieux en lui-même , mais outrageusement entaillé par l'outil du restaurateur, demeure confondu dans une multitude de membres et de pièces d'un travail moderne, disparate et misérable.

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