L'origine de Romance
Nos premiers poètes, c'est-à-dire toutefois ceux qui ont paru après nos troubadours, qui écrivaient en idiome provençal, se sont servis de la langue romance ou romanum rusticum ; de là vient que les chansons qui expriment les malheurs et les plaintes de l'amour, selon Laharpe, s'appellent encore romance
Un récit fait pour être chanté
La romance est un récit touchant en vers, et fait pour être chanté : elle doit être naïve et tendre ; son caractère essentiel est d'émouvoir l'âme par le récit de quelque histoire amoureuse ou tragique, ou par la peinture de quelque affection douloureuse.
Sœur de l'élégie, la romance rejette toute recherche d'esprit, car l'esprit est l'écueil du langage du cœur.
Eh ! que ne peut l'accent qui s'exhale du cœur !
La romance lui doit sa touchante langueur :
Vierge tendre et modeste, et semblable à la fleur
Qu'un délicat parfum trahit au sein de l'ombre,
Disant les doux regrets, ou l'espérance sombre,
La timide romance exhale mollement
Une plainte sans art, fille du sentiment ;
Elle aime à parcourir le domaine des larmes,
Et doit à l'élégie une part de ses charmes.
Il faut que sa douleur, féconde en intérêt,
Dans l'inspiration puise un naïf attrait ;
Que des tableaux divers la scène graduée
En de justes couplets marche distribuée ;
Qu'au gré du goût le style, ami du mouvement,
Soit correct sans travail, et simple élégamment ;
Que de la muse, enfin ,la musc confidente
Ne s'en montre jamais la rivale imprudente,
Et n'ose, déployant un art hors de saison
D'un faux luxe offusquer la pensée et le son.
(Chaumard, Poétique secondaire)
La première pièce de vers connue en notre langue est, si l'on en croit Berquin, la romance de Roland, que les soldats de Charlemagne avaient coutume déchanter en marchant au combat.