L'origine de Santé


Boire à la santé

Cette coutume est si ancienne qu'Homère et d'autres auteurs de l'antiquité en font mention ; le terme dont les anciens se servaient était un signe d'amitié pour s'exciter à boire : philotésie signifie amitié et salut. Les auteurs qui sont venus après Homère ont pris ce terme pour exprimer la coutume que les amis avaient de se porter alternativement des santés, afin de s'exciter à boire dans leurs festins. On y procédait avec quelques cérémonies.


Les différentes manières de boire à la santé dans l'antiquité gréco-romaine

Après avoir versé du vin dans une coupe, le maître du festin, en répandait quelques gouttes en l'honneur des dieux dont il invoquait le nom, de même que quand il sacrifiait à l'amitié ; il approchait ensuite de ses lèvres la coupe, et, après avoir goûté le vin, il buvait à la santé de son ami assis auprès de lui, ou de son hôte qui était venu lui rendre visite, lui souhaitant toutes sortes de prospérités ; l'ami prenait la coupe, et, après avoir bu, la donnait à son voisin : on ne cessait de boire que quand le tour était fini.
Il y avait encore d'autres manières de boire à la santé, comme à l'arrivée ou au départ d'un hôte ou d'un ami. Diogène Laërce assure positivement que dans ces festins on donnait un peu de pain, et que l'on coupait ce pain en autant de morceaux qu'il y avait de conviés qui devaient boire les uns aux autres. Homère nous apprend qu'à l'arrivée d'un ami, en le recevant dans la maison, ou répandait du vin en l'honneur des dieux, et qu'on lui présentait à boire, avec une certaine formule de paroles, pour le féliciter sur son heureuse arrivée. On congédiait les hôtes avec les mêmes cérémonies, afin que les immortels les accompagnassent dans leurs voyages, et qu'ils les leur rendissent heureux.
Si nous en croyons Athénée, la coutume de boire à la santé ne sa pratiquait chez les anciens qu'à la fin du repas, et quand on était près de se lever de table ; alors on sacrifiait au bon génie, à Jupiter conservateur, et aux dieux qui présidaient particulièrement à l'amitié ; et l'on commençait les chansons, toujours remplies de choses agréables pour les assistants, et surtout d'heureux souhaits.
En buvant les uns aux autres, les Romains prononçaient ces paroles : Je souhaite, que vous et nous, toi et moi, nous portions bien. La formule des frères était différente, ainsi qu'on le remarque dans le Banquet de Lucien : Alcidamus, après avoir bien bu, demanda quel était le nom de la mariée, et il but à sa santé en lui disant : Je bois à vous, Cléanthis, au nom d'Hercule dominant. Au reste, il n'était pas permis de boire à la santé de tous ceux qui étaient à table ; il n'y avait que les étrangers et les hôtes qui pussent boire à la femme d'un autre, et cette permission s'étendait aux seuls parents de cette femme. Si quelqu'un sortait d'un repas sans qu'on eût bu à sa santé, et sans avoir été provoqué à boire par son ami, Pétrone dit qu'il regardait cet oubli comme un affront, et qu'il se croyait dégradé du nom d'ami ; d'où l'on peut inférer que c'était le signe d'une amitié singulière que de présenter la coupe, après l'avoir posée sur les lèvres.


L'usage de boire à la santé chez les chrétiens

Les premiers chrétiens pratiquaient quelque chose d'à peu près semblable en recevant leurs hôtes. Un passage de saint Ambroise sur Élie et sur le jeûne nous donnera quelques éclaircissements sur cette coutume. « Que dirai-je, dit ce père, des protestations que se font ceux qui boivent ensemble ? Qu'est-il besoin de parler de leurs serments qu'il n'est jamais permis de violer, à ce qu'ils pensent ? Buvons, disent-ils, à la santé de l'empereur, et que celui qui ne boira pas soit regardé comme un homme peu affectionné à son prince ; car ce n'est pas aimer l'empereur que de refuser de boire pour sa santé, témoignage d'une pieuse dévotion ; buvons pour la santé de l'armée, pour la prospérité de nos compagnons, de nos enfants ; et ils croient que Dieu est touché de ces sortes de vœux. »


L'usage de boire à la santé chez les Celtes et les Germains

Lorsque les Celtes et les Germains se mettaient à table, la cruche de vin ou de bière y était servie ; celui qui buvait saluait son voisin et lui remettait la cruche, et celui-ci en usait de même à l'égard d'un autre qui était assis à côté de lui. Ainsi les conviés ne pouvaient boire que lorsque la cruche ou la coupe, qui faisait le tour de la table, parvenait jusqu'à eux, et quand elle leur était présentée ils ne pouvaient la refuser. Comme ils buvaient dans la même coupe l'un après l'autre, le premier disait à son voisin : Je bois à vous, c'est-à-dire je bois le premier, afin que vous buviez après moi.


Boire à la santé en France

Charlemagne avait défendu expressément à ses soldats de boire à la santé les uns des autres quand ils seraient à l'armée, parce qu'il en arrivait des querelles et des combats entre les buveurs et ceux qui ne voulaient pas leur faire raison. La coutume de boire à la santé fut longtemps universellement usitée parmi nous ; mais, depuis le XVIIIe siècle, elle est abandonnée au peuple avec la gaieté qu'elle excitait et la cordialité dont elle était le gage.

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