L'origine de Sceau
L'usage du sceau antiquité
L'usage des sceaux remonte à la plus haute antiquité ; il en est fait mention dans l'Ecriture : il est dit, au chapitre XIV de Daniel, que Darius fit mettre son sceau sur le temple de Bel. Les sceaux des Égyptiens étaient ordinairement graves sur des pierres précieuses ; souvent la figure du prince y était représentée, quelquefois aussi des symboles. Pline dit que de son temps on ne faisait point usage de sceaux dans le reste du monde et hors de l'empire. Cependant il ne paraît pas que les Romains eussent des sceaux publics ; les empereurs signaient seulement les rescrits avec une encre particulière, dont les sujets ne pouvaient se servir, sans encourir la peine de lèse-majesté au second chef.
L'usage du sceau en France
Les rois de France de la première race, à l'exception de Childéric Ier et de Childéric III, avaient pour sceaux des anneaux orbiculaires ; Charlemagne n'en avait point d'autre que le pommeau de son épée, où son sceau était gravé. Sous Philippe-Auguste les sceaux tenaient encore lieu de signature. Saint Bernard s'excuse de n'avoir pas signé ses lettres, parce qu'il n'avait pas son cachet ou son sceau.
Le nom de sceau ne devrait être donné qu'à l'instrument ou cachet qui servait à sceller les actes ; mais on le donne aussi communément aux empreintes. Les anneaux ont précédé les sceaux, et ceux-ci les cachets.
Les différentes matières des sceaux
« Les anneaux, dit Millin dans son Dictionnaire des beaux-arts, ont été en usage jusqu'à la troisième race de nos rois ; les sceaux n'ont paru que vers le Xe siècle. Les sceaux ont été gravés sur toutes sortes de substances, métaux, pierres précieuses, verre, ivoire, etc. Les matières qui reçoivent l'empreinte ont également varié : la craie et le malthe, mélange de poix, de cire, de plâtre et de graisse, sont celles dont on s'est servi le plus anciennement. Nos rois ont emprunté des Romains l'usage des sceaux de cire ; celle d'Espagne, mélangée de gomme laque, de poix-résine, de craie et de cinabre, a été inventée par un nommé Rousseau, marchand de Paris. »
Les différentes couleurs des sceaux
La couleur des sceaux a varié comme leur matière ; les plus anciens sont de cire blanche. L'usage de la cire jaune ou naturelle ne remonte qu'au XIIe siècle. L'éclat de la cire rouge porta ensuite les souverains à en faire la matière de leurs sceaux. Les empereurs et les patriarches d'Orient scellèrent en cire verte les lettres qu'ils écrivaient à certaines personnes : cet usage ne date guère que du XIIe siècle en France, où il fut adopté plus tard qu'en Allemagne ; mais les sceaux de cire verte sont très rares. En Angleterre la cire verte était réservée pour les chartes. Le privilège de sceller en cire azurée ou bleue, accordé en 1524 par l'empereur Charles-Quint, prouve qu'on a donné cette couleur aux sceaux ; mais on n'en a que cet exemple unique. Quelques seigneurs se sont approprié l'usage de la cire noire ; elle avait été employée autrefois par Jérémie, patriarche de Constantinople, et depuis par le grand-maître de l'ordre teutonique en Prusse : on s'en servit en France dans le XIIIe siècle. Il s'est trouvé aussi des sceaux de cire mixte, c'est-à-dire composée de diverses couleurs.
La grandeur et la forme des sceaux
Les sceaux ont été tantôt grands, tantôt petits ; ils ont été carrés, longs, ovales, en trèfle, en losange, etc. Le plus ancien sceau que l'on connaisse ne remonte pas plus loin qu'à l'an 1000. Sous les rois de la première race, les seigneurs n'assuraient la vérité des actes que par leur souscription : l'usage des anneaux et des sceaux ne leur était pas tout-à-fait étranger, mais les exemples en sont très rares ; et ce ne fut qu'au commencement de la troisième race que les seigneurs eurent réellement des sceaux différents de ceux des anneaux ; mais dans la suite les sceaux se multiplièrent au point que non seulement les empereurs, les rois, les princes souverains, mais encore les villes, les seigneurs du premier et du second rang, les évêques, les églises, les monastères, les cours de justice, les tribunaux, eurent chacun les leurs.
Les contre-sceaux
Les contre-sceaux ont été établis pour assurer la vérité des sceaux ; les plus anciens sont du XIIIe siècle. Le P. de Montfaucon, tome II de ses Monuments dé la monarchie française, dit que Philippe-Auguste est le premier qui se soit servi d'un contre-scel, et que celui de ce prince était une fleur de lis.
Le garde des sceaux
La charge de garde des sceaux n'est pas fort ancienne ; on ne trouve point qu'avant Louis XII aucun autre que le chancelier ait eu la garde du sceau royal. Ce prince la donna à Etienne Poncher, évêque de Paris, pour soulager le chancelier Jean de Gaunai, dont la santé était fort altérée. Sous François Ier les sceaux furent souvent en d'autres mains qu'en celles du chancelier. Enfin le roi Henri II, par son édit de 1551, érigea en titre d'office un garde des sceaux ; cet édit ayant été enregistré au parlement, le chancelier de l'Hôpital se démit volontairement des sceaux en faveur de René de Birague, qui fut ensuite chancelier. Depuis cet exemple la charge de garde des sceaux est souvent séparée de celle de chancelier.
Nous avons vu Louis XV tenir les sceaux lui-même assez longtemps, c'est-à-dire plus d'un an, après la mort de M. Berrier. Ce n'était pas une chose nouvelle : Louis XlV, après la mort du chancelier Séguier, en 1672, garda les sceaux pendant trois mois ; Louis XIII les tint au camp devant Montauban, après la mort du connétable de Luynes ; Henri IV les tint en 1590, après que Montholon s'en fut démis ; et Henri III scella lui-même des lettres patentes que le chancelier de Birague avait refusé de sceller.