L'origine de Sénéchal de France
Le grand grand sénéchal de France
Cette charge qui, depuis le règne de Lothaire, était héréditaire dans la maison des comtes d'Anjou, était sans doute la première de l'état, et réunissait les fonctions du grand-maître de l'hôtel, du connétable et du comte du palais. Le peu de séjour que faisaient à la cour les vassaux du premier rang ne permettait pas aux comtes d'Anjou de s'acquitter exactement des fonctions de leur emploi. On leur donna donc un substitut qui exerçait à leur place, mais toujours avec dépendance, et sous l'obligation de l'hommage.
Les fonctions du grand sénéchal
Dans un traité conclu entre Louis-le-Gros et le comte d'Anjou, il fut arrêté que, dans les cérémonies d'éclat, lorsque le roi mangera en public, le comte se tiendra assis jusqu'au moment du service ; qu'alors il recevra les plats pour les placer sur la table ; qu'après le repas il se retirera chez lui sur un cheval de guerre dont il fera présent au cuisinier du roi, lequel lui enverra un morceau de viande ; et le panetier y joindra deux petits pains avec trois chopines de vin.
A la guerre, le grand sénéchal fera préparer pour le roi un pavillon qui puisse contenir cent personnes. Au départ de l'armée, il commandera l'avant-garde, et, au retour, l'arrière-garde. Quelque chose qui arrive, le roi ne pourra lui faire aucun reproche pour ce qui regarde l'administration de la justice. Tout jugement porté par le grand sénéchal ne sera point réformé ; et, dans les contestations sur les sentences rendues par les juges royaux, sa décision fera loi.
Les différents noms attribués à cet officier
Ce premier officier de la couronne, qu'on appelait grand sénéchal, se nommait, sous la première et la seconde race, tantôt maire du palais, tantôt duc des Français, tantôt gouverneur, préfet ou prince du palais. C'est, sous ces différents noms, même dignité, même autorité ; les uns et les autres tenaient également le premier rang à la cour, commandaient les armées, rendaient la justice, avaient l'administration des revenus de la maison du roi. De là vient que, dans les auteurs du XIe siècle, le sénéchal est quelquefois appelé maire du palais, maire de France. C'est ce nom même si redoutable à la majesté, ou plutôt le pouvoir énorme qui y était attaché, qui fit anéantir cette charge, en 1191, sous Philippe-Auguste. Les fonctions et l'autorité qui lui étaient attribuées furent partagées entre le connétable et le grand-maître de France.