L'origine de Sibyllins
Les livres sibyllins
Les livres appelés sibyllins contenaient un recueil en vers des prédictions des sibylles, que l'on conservait à Rome avec grand soin. Les historiens ne sont d'accord ni sur le nombre des livres qui composaient ce recueil, ni sur le roi auquel il a été présenté ; les uns prétendent que ce fut à Tarquin l'Ancien. Si nous en croyons Denys d'Halicarnasse, Pline et plusieurs autres anciens, ce fut la sibylle de Cumes elle-même qui apporta à Rome les livres sibyllins ; elle vint présenter à Tarquin-le-Superbe neuf livres de ces oracles, et lui en demanda une grosse somme d'argent. Tarquin, qui n'en prévoyait pas l'importance, refusa de les acheter. Alors cette femme en brûla trois, et revint quelques jours après lui proposer les six autres au même prix. On la traita d'insensée ; mais elle, sans se rebuter, brûla encore trois de ces livres, et reparut de nouveau devant Tarquin, demandant toujours la même somme, et menaçant de brûler les trois derniers en cas de refus. Le roi, surpris de cette démarche, et encore plus de l'assurance ferme avec laquelle cette femme lui parlait, lui donna enfin, pour ces trois livres, la somme qu'elle avait demandée pour le recueil entier.
On les consultait lorsqu'il arrivait quelque prodige, ou que l'empire semblait menacé d'une calamité pressante. On sent, comme l'a observé Desaintange dans ses remarques sur sa traduction des Métamorphoses, combien de ressources l'obscurité mystérieuse de ces livres sacrés prêtait à la politique, et quel parti les augures savaient en tirer.
Le recueil des vers sibylles suite à l'incendie du Capitole
Ces livres, que Tarquin avait fait enfermer dans un coffre de pierre déposé dans un souterrain du temple de Junon au Capitole, ayant été brûlés dans l'incendie du Capitole, un an avant la dictature de Sylla, le sénat envoya des députés dans toutes les villes de l'Italie et de la Grèce, avec ordre de recueillir toutes les prédictions des sibylles : on en eut bientôt d'autres, et en si grand nombre qu'Auguste, pour mettre un frein à la superstition du peuple, fut obligé d'en faire un choix ; il en fit brûler plus de deux mille volumes, et ne retint que ceux qui portaient le véritable caractère des sibylles ; il les enferma dans deux coffres d'or, et les mit sous le piédestal de la statue d'Apollon Palatin. Ces vers des sibylles renfermaient des prédictions vagues, applicables à tous les temps, et pouvaient s'ajuster à tous les événements : c'étaient des vers hexamètres.