L'origine de Vaudois
Des sectateurs du XIIIe siècle
Un nommé Pierre de Vaud ou Valdo, selon Bossuet, riche négociant de Lyon, après avoir donné tout son bien aux pauvres, attaqua, vers l'an 1170, les abus de l'église dominante, et attira à lui un grand nombre de partisans qui, de son nom, furent appelés Vaudois. Ces sectateurs, dont la pureté de mœurs n'a jamais été révoquée en doute, après avoir été exposés, depuis 1209 jusqu'en 1229, à la guerre la plus cruelle, se virent livrés à toute la fureur de l'inquisition et de la croisade que Rome suscita contre eux et contre les Albigeois. Ceux de ces malheureux qui échappèrent au massacre, et qui restèrent ignorés dans les vallées incultes qui sont entre la Provence et le Dauphiné, défrichèrent ces terres stériles, et, par des travaux incroyables, les rendirent propres au grain et au pâturage.
Le massacre des Vaudois
Ils vivaient ainsi, depuis deux siècles, dans une paix que rien ne semblait devoir troubler, quand les réformateurs de Suisse et d'Allemagne apprirent qu'ils avaient des frères en Languedoc, en Dauphiné, et dans les vallées du Piémont ; aussitôt ils leur envoyèrent des ministres (on appelait ainsi les desservants des églises protestantes) : alors ces Vaudois furent trop connus, et de nouveau cruellement persécutés, malgré leur confession de foi, qu'ils dédièrent au roi de France. La réponse qu'on fit à cette confession de foi fut d'en traiter les sectateurs d'hérétiques obstinés et de les condamner au feu.
Il paraît évident que ces malheureux Vaudois, appelés par le déclamateur Maimbourg une canaille révoltée, n'étaient point du tout disposés à la révolte, puisqu'ils ne se défendirent pas, et qu'ils se sauvèrent de tous côtés en demandant miséricorde ; mais le soldat égorgea les femmes, les vieillards et les enfants qui ne purent fuir assez tôt. On compta vingt-deux bourgs mis en cendres ; et, lorsque les flammes furent éteintes, la contrée auparavant florissante fut un désert aride.