L'origine de Vauvert
Le diable de Vauvert
Saint Louis, ayant entendu parler de l'ordre de saint Bruno, demanda au général Bernard de la Tour six religieux qu'il logea au village de Gentilly. Les disciples de saint Bruno voyaient de leurs fenêtres le palais de Vauvert, bâti par le roi Robert, abandonné par ses successeurs, et dont on pouvait, faire un monastère commode et agréable par la proximité de Paris. Ce vieux château, d'après les chroniques du temps, était occupé par des esprits et des revenants ; on y entendait des hurlements affreux, on y voyait des spectres traînant des chaînes, et entre autres un monstre vert avec une grande barbe blanche, moitié homme et moité serpent, armé d'une grosse massue, et qui semblait toujours prêt à s'élancer la nuit sur les passants. Que faire d'un pareil château ? quels hommes assez charitables pour le disputer aux démons ? Les chartreux se dévouèrent, et saint Louis crut leur devoir beaucoup de reconnaissance de ce qu'ils avaient bien voulu accepter le château avec ses dépendances. L'acte de donation est de 1259.
Le château de Vauvert
C'est au midi et hors des murs de Paris, vers l'entrée de la grande avenue qui, du parterre du Luxembourg, se dirige vers l'Observatoire, que s'élevait le château de Vauvert. Depuis longtemps ce vieux monument était un objet d'effroi pour les habitants de Paris ; on se détournait même du chemin qui conduit de cette ville à Issy, pour éviter la rencontre des esprits infernaux. La terreur qu'inspirait ce lieu s'était si puissamment emparée des imaginations, que le souvenir s'en est conservé longtemps après, et a donné naissance à cette phrase proverbiale, Aller au diable Vauvert, pour signifier une course pénible et dangereuse ; et aujourd'hui, par corruption, on dit encore aller au diable Auvert. Plusieurs écrivains des XVe, XVIe et XVIIe siècles ont parlé de la puissance de ce diable.
Le poète Villon parle d'un carme appelé frère Baude, qui portait les armes comme un soldat, et dit :
S'il ne quitte ses armes,
C'est bien le diable de Vauvert.