L'origine de Virelai


Une invention des Picards

Sorte d'ancienne poésie française, dont on attribue l'invention aux Picards. Le virelai, dans son origine, ainsi que l'indique le mot virer, était un lai sur lequel le poète retournait par des vers de même mesure, et sous les deux mêmes rimes qu'il avait d'abord adoptées, avec cette différence cependant, que celle qui avait dominé dans le lai servait à terminer les couplets dans le virelai, tandis que celle qui avait servi à terminer les couplets dans le lai devenait dominante dans le virelai.
« Le virelai, comme il se pratique aujourd'hui, dit le P. Mourgues, tourne sur deux rimes seulement, dont la première doit dominer dans toute la pièce ; l'autre ne vient que de temps en temps, pour faire un peu de variété... Le premier vers ou les deux premiers vers se répètent dans la suite, ou tous deux, ou séparément, comme par manière de refrain, autant de fois qu'ils tombent à propos, et forment le virelai... Les vers de sept syllabes y viennent le mieux de tous ; on y emploie aussi ceux de huit syllabes, et on pourrait bien aussi se servir de ceux de dix... »

Le rimeur rebuté
Adieu vous dis, triste lyre,
C'est trop apprêter à rire.
De tous le, métiers, le pire
Est celui qu'il faut élire
Pour mourir de malefaim :
C'est à point celui d'écrire.
Adieu vous dis, triste lyre.
J'avais vu dans la satire
Pelletier cherchant son pin.
Cela devait me suffire.
M'y voila, s'il le faut dire.
Faquin, et double faquin
(Que de bon cœur j'en soupire !)
J'ai voulu part au pasquin.
C'est trop apprêter à rire.
Tournons ailleurs notre mire,
Et prenons plutôt en main
Une rame de navire.
Adieu vous dis, triste lyre.
Je veux que quelqu'un désire,
Voire, brûle de nous lire ;
Qu'on nous dore en maroquin ;
Qu'on grave sur le porphyre
Notre nom, ou sur l'airain ;
que sur l'aile du Zéphire
Il vole en climat lointain.
Ce maigre lot où j'aspire
Remplit-il ma tirelire ?
En ai-je mieux de quoi frire ?
S'habille-t-on de ce lin ?
Helas ! ma chevance expire :
Soucis vont me déconfire ;
J'en suis plus jaune que cire.
Par un si falot maryre
C'est trop apprécier à rire.
Et puis, pour un qui m'admire,
Maint autre et maint me déchire,
Contre mon renom conspire,
Veut la rime m'interdire.
Tel cherche un bon médecin
(S'il en trouve, il sera fin !)
Pour me guérir du délire,
Et comme à cerveau malsain
L'ellébore me prescrire.
Je ne suis ni le plus vain,
Ni le plus sot écrivain ;
Si sais-je bien pour certain
Qu'aisément s'enflamme l'ire
Dans le littéraire empire,
Despréanx encore respire,
Toujours franc toujours mutin.
A dieu vous dis triste lyre.
Joûter avec ce beau sire
Serait pour moi petit gain.
Sans bruit mes grègues je tire.
C'est trop apprécier à rire :
Adieu vous dis, triste lyre.

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