L'origine de Chenet
L'étymologie de Chenet
Borel, dans son Trésor des antiquités gauloises, a dit le premier, que le mot français chenets, petits landiers, était pour chiennets, petits chiens, parce qu'autrefois on donnait aux deux chenets la figure de deux petits chiens. Cette étymologie a été répétée par Ménage, Furetière, Trévoux, Gébelin, et plusieurs autres lexicographes français ; mais Gébelin est le seul qui, par une de ces étincelles de génie dont brille quelquefois son Monde primitif, au milieu d'un grand nombre d'erreurs, ait eutrevu et indiqué l'origine de la chose, c'est-à-dire de la figure donnée anciennement aux deux chenets du foyer : « Chenets, petits landiers, au lieu de chiennets ; ce sont, dit-il, les gardes du feu, les dieux lares. »
Cependant, comme Ménage se plaint de ce qu'on la traitait de ridicule. Voici l'article de Ménage sur cette origine, qui la confirme par des raisons particulières : « Chenets, petits landiers, par corruption, dit-il , pour chiennets, à cause qu'on les faisait anciennement en façon de chien ; et il s'en trouve encore à présent dont les pattes ressemblent à celles des chiens.
A Rouen, où l'on dit quenot pour un petit chien, on y dit aussi quenots pour ces petits chenets sans branches ce qui ne permet pas de douter de la vérité de cette étymologie. On disait autrefois chiennet pour dire un petit chien ; témoin Villon, dans son Grand testament :
Un beau petit chiennet couchant
Qui ne lairra poulaille en voye.
Il n'y a rien de plus certain en effet qu'on a dit dans le moyen âge non seulement chiennet mais même chenet pour petit chien ; non seulement chiennet, chienet, chiennez, mais même canis, chien, pour chenet, petit landier. Outre les preuves qu'en apporte Ménage pour chiennet dans le sens de petit chien, le supplément latin et le français du Glossaire de Ducange, par Carpentier, en fournissent de nouvelles de cette double signification de chiennet et de chenet.
Les Anglais et les Allemands donnent aussi le nom de chien au chenet : les premiers appellent cet instrument dog, chien ; les seconds, feurhund, chien de feu.
Les premiers landiers
Il est donc prouvé, par des faits incontestables, que le mot chenet, qui signifie aujourd'hui petit landier, a signifié primitivement petit chien, et qu'on a dit chiennet et même canis dans ces deux sens. C'est également un fait incontestable qu'on n'a appelé les landiers chiens, chiennets et chenets que parce qu'autrefois, comme le disent Borel Ménage et Furetière, la partie inférieure des chenets représentait un petit chien couché ; que c'est à l'imitation des premiers chenets qu'on en a fait depuis avec des figures de lion, et en forme de mufles, de masques, etc.