L'origine de Grotesque
L'étymologie du mot Grotesque
Ce mot vient du mot italien grottesche. Les Italiens ont ainsi appelé ces peintures, parce qu'elles ont été trouvées dans des grottes anciennes. Et ce fut le Morto, peintre célèbre, natif de Feltro, qui, à l'imitation de ces peintures trouvées dans des grottes anciennes, peignit le premier des grotesques.
Nous avons dit ensuite grotesque figurément pour quelque chose de ridicule et d'extravagant dans le discours et dans les personnes. (Ménage, Dictionnaire étymologique, 1750)
Ces ornements de pur caprice, variés de figures d'animaux, de feuillages, de fleurs, de fruits, etc., ont donc été ainsi nommés parce qu'ils sont une imitation de certaines peintures anciennes, découvertes dans des grottes souterraines.
Une origine certainement égyptienne
L'origine des grotesques se perd dans les temps les plus reculés. Les artistes de Rome s'en occupaient dès le temps d'Auguste ; mais on ignore de quelle nation les Romains les ont empruntées. On a fait la remarque que dans les parties méridionales de la Sicile où les Grecs avaient leurs établissements, il ne se trouve aucune trace de grotesque, au lieu que dans la partie septentrionale de cette presqu'île, où étaient les colonies puniques, on en voit fréquemment.
Si cette observation est fondée, il ne paraît pas que ce genre de peinture soit venu de la Grèce à Rome : on serait plutôt porté à croire qu'il est de l'invention des Égyptiens, qui le communiquèrent aux Phéniciens, et ceux-ci aux Étrusques, les premiers peuples de l'Italie qui aient cultivé les arts.
Les grotesques dans la Rome antique
Quoi qu'il en soit de cette conjecture, le goût des grotesques fit des progrès rapides chez les Romains. On s'en servit pour décorer les théâtres, pour peindre les murs des palais, les bains, les portiques, etc. Cependant ce genre de peinture a eu le sort singulier de disparaître entièrement et de ne reparaître que sous le pontifical de Léon X ; alors quelques curieux firent faire des recherches dans les souterrains de Rome, où l'on découvrit de ces peintures appelées grotesques.
Ce goût nouveau et inconnu attira une foule de connaisseurs, parmi lesquels se trouvèrent Raphaël et son disciple François d'Udine. Ce dernier surtout adopta ce genre, et s'y appliqua avec tant de zèle, qu'il parvint à s'en faire une manière à lui, et que ses ouvrages servent encore aujourd'hui de modèles.