L'origine de Université
L'origine du mot Université
Université, du latin universitas ( proprement la généralité, l'universalité des choses). Ce nom a été donné au corps des professeurs et des étudiants de Paris et des autres grandes villes, parce qu'on y enseignait tous les arts, toutes les sciences qui contribuent à former l'esprit et à rendre les hommes savants, telles que la grammaire, la poétique, la rhétorique, les mathématiques, la théologie, la médecine et la jurisprudence ; toutes lesquelles choses ont fait naître le mot d'université.
« Le nom d'université vient, dit Voltaire, de la supposition que ces quatre corps, que l'on nomme facultés (la théologie, le droit, la médecine et les arts), faisaient l'universalité des études, c'est-à-dire comprenaient toutes celles que l'on peut faire. »
Les premières universités
Les universités ont commencé à se former dans le XIIe et le XIIIe siècle. Celles de Paris et de Bologne en Italie prétendent être les premières qui aient été établies en Europe ; mais elles n'étaient point alors sur le pied que sont les universités de notre temps. L'histoire dit que Charlemagne fonda une école dans son palais, c'est-à-dire dans le palais qu'il habitait le plus ordinairement : ce palais n'était certainement pas celui de Paris, où il ne résida jamais ; car sa résidence ordinaire était à Aix-la-Chapelle et à Ratisbonne.
« De ce fait supposé, dit M. Dulaure dans son Histoire de Paris, les écrivains ont tiré la conséquence que Charlemagne est le fondateur de l'université de Paris : cette opinion n'est pas soutenable. Il existait bien dans cette ville quelques écoles, particulièrement pour les personnes qui se destinaient au sacerdoce ; mais ces écoles isolées n'étant point régies par la même loi, ni soumises à des principes, à des règles, à des méthodes uniformes, et ne formant point un corps d'enseignement, ne pouvaient constituer une université. Sous Charlemagne, et pendant plus de quatre cents ans après lui, il n'y eut à Paris ni la chose ni le mot : la chose commença à se former sous le règne de Philippe-Auguste, et le mot d'université ne figura pour la première fois dans l'histoire que sous celui de Louis IX. »
Le trivium et le quadrivium
Ce fut donc sous le règne de saint Louis qu'on vit, pour la première fois, la corporation des écoles de Paris prendre et recevoir le titre d'université, mot qui signifiait l'universalité des sciences enseignées dans ces écoles. Depuis longtemps on divisait la totalité de ces sciences en deux parties : le trivium et le quadrivium.
Le trivium, fort anciennement connu, puisqu'on en trouve des traces au VIIe siècle, comprenait la grammaire, la logique ou dialectique, et la rhétorique ; le quadrivium, expression aussi fort ancienne, employée même par Boëce, signifiait la réunion de ces quatre sciences ou arts : l'arithmétique, l'astronomie, la géométrie et la musique. S'il arrivait qu'un homme possédât le trivium et le quadrivium, il était considéré comme ayant atteint le suprême degré du savoir. Le plus grand éloge qu'on ait cru faire d'Abeilard fut de lui attribuer la connaissance parfaite du trivium et du quadrivium. On sait que de chacune des sciences comprises sous ces deux mots les savants des XIIe et XIIe siècles ne possédaient que les éléments ; que leurs connaissances bornées étaient souvent dégradées par des erreurs, des absurdités et de la magie. Lorsqu'on eut, vers le milieu du XIIIe siècle, commencé à faire un plus fréquent emploi de la langue vulgaire dans les ouvrages agréables ou instructifs, on abandonna ces mots de trivium et de quadrivium pour leur substituer ceux de clergie ou des sept arts libéraux.
Les sept arts libéraux
Jean de Hauteville classe ces sept arts dans l'ordre suivant: l'astronomie, la musique, la géométrie, la rhétorique, la logique, la physique et la grammaire. Dès le XIIe siècle, on enseignait dans l'université de Paris le droit canon et civil, la philosophie, la médecine et la théologie ; et ces écoles étaient déjà aussi fréquentées que le furent dans leur temps celles d'Athènes et de Thèbes. Elle jouissait, dans ses commencements, de très grands et de nombreux privilèges ; les plus remarquables étaient de députer aux conciles, de ne contribuer à aucune charge de l'état, d'avoir ses causes commises devant le prévôt de Paris, qui s'honorait du titre de conservateur des privilèges de l'université.
L'université de Paris était regardée comme la mère des autres universités de France.
L'université impériale puis royale
La révolution, qui avait détruit toutes les corporations, avait également renversé ces établissements ; mais, par un décret du 10 mai 1806, l'instruction publique fut réorganisée sur de nouvelles bases, et Bonaparte institua pour toute la France, sous la dénomination d'université impériale, un corps auquel il confia l'enseignement public dans tout l'empire. Conservé sous la qualification d'université royale, cet établissement avait éprouvé quelques modifications après la restauration.