L'origine de Fable

On comprend, sous ce nom collectif, l'histoire théologique, fabuleuse, poétique, et, pour le dire en un mot, toutes les fables de la théologie grecque et romaine. La fable, prise dans ce sens fort étendu, doit son origine à l'altération de l'histoire, à l'erreur, à l'ignorance, aux passions des
hommes et à l'amour du merveilleux.


Une origine indéterminée

Il est impossible de fixer l'époque où les fables ont commencé. Il suffit de savoir que nous les trouvons déjà établies dans les écrits les plus anciens qui restent de l'antiquité profane. Les premiers berceaux des fables sont l'Egypte et la Phénicie, d'où elles se rependirent avec les colonies en Occident et surtout dans la Grèce ; de la Grèce telles passèrent en Italie et dans les autres contrées voisines : Hésiode et Homère n'en sont donc pas les inventeurs, et tout prouve qu'elles existaient avant la naissance de ces deux poètes dans les ouvrages des poètes qui les précédèrent ; ils ne firent que les embellir.


Le siècle de la guerre de Troie

Mais il faut convenir que le siècle le plus fécond en fables a été celui de la guerre de Troie. On sait que cette ville fut prise deux fois ; la première, par Hercule, l'an du monde 2760 ; et la seconde, une quarantaine d'années après, par l'armée des Grecs sous la conduite d'Agamemnon. Au temps de la première prise, on vit paraître Télamon, Hercule, Thésée, Jason, Orphée, Castor, Pollux, et tous les autres héros de la Toison d'or. A la seconde prise, parurent leurs fils ou leurs petits-fils : Agamemnon, Ménélas, Achille, Diomède, Ajax, Hector, Énée, etc. Environ dans le même temps se fit la guerre de Thèbes, où brillèrent Adraste, Œdipe, Etéocle, Polynice, Capané, et tant d'autres héros, sujets éternels des poèmes épiques et tragiques.
Aussi les théâtres de la Grèce ont—ils retenti mille fois de ces noms illustres ; et depuis ce temps tous les théâtres du monde ont cru devoir les faire reparaître sur la scène.


L'influence des fables grecques aujourd'hui

Voilà pourquoi la connaissance de la fable est si générale. Nos spectacles, nos pièces lyriques et dramatiques, et nos poésies en tout genre y font de perpétuelles allusions : les estampes, les peintures, les statues qui décorent nos cabinets, nos galeries, nos plafonds, nos jardins, sont presque toujours tirées de la fable ; enfin elle est d'un si grand usage dans tous nos écrits, nos romans, nos brochures, et dans nos discours ordinaires qu'il n'est pas possible de l'ignorer à un certain point sans avoir à rougir de ce manque d'éducation ; mais de porter sa curiosité jusqu'à tenter de percer les divers sens ou les mystères de la fable, c'est une science réservée pour un petit nombre de savants ; et cette science, qui fait une partie très vaste des belles lettres, et qui est absolument nécessaire pour avoir l'intelligence des monuments de l'antiquité, est ce qu'on nomme la mythologie.


Une espèce d'apologue

La Motte définit cette espèce d'apologue : une instruction déguisée sous l'allégorie d'une action.

La faiblesse, dit-on, lui donna la naissance.
Cet art est naturel ; interrogez l'enfance :
Voyez ce tendre élève, emporté dans ses jeux,
Fasciné d'un Argus et l'oreille et les yeux ;
Déjà ce jeune esprit à la feinte s'exerce,
Accusé chaque objet de sa faute diverse :
Raton est le voleur, Bertrand est le gourmand :
Ce meuble qu'il brisait l'a frappé méchamment.
Du fabuliste adroit l'obligeante malice
Transporte aux grands enfants un pareil artifice,
Et charge devant eux, de leurs propres méfaits,
L'innocent animal, hélas ! qui n'en peut mais.

Doux et profond esprit plein d'un charme ineffable,
La Fontaine tient seul le sceptre de la fable.

La fable est vérité.
Ornez sans la cacher sa modeste beauté ;
Mettez en action la morale commune,
Des faibles et des forts l'inégale fortune.
Un masque offre les traits de divers animaux ;
Mais sous ce masque est l'homme avec tous ses défauts ;
Lui-même en a souri. Qu'un docte badinage
Échange finement noms, titres et langage ;
Et de l'allusion que le miroir secret
De nos mœurs, en profil, révèle le portrait.

(Chaussard, Poétique secondaire)


L'introduction de la fable en Europe

Les savants font remonter l'origine de la fable à l'invention des caractères symboliques et du style figuré, c'est-à-dire à l'invention de l'allégorie dont la fable est une espèce. Mais l'allégorie ainsi réduite à une action simple, à une moralité précise, est communément attribuée à Ésope, comme à son premier inventeur. Quelques uns en font honneur à Hésiode et a Archiloque ; d'autres prétendent que les fables, connues sous le nom d'Ésope, ont été composées par Socrate.
Mais il est plus exact de dire que l'Orient est le véritable berceau de la fable, et qu'Ésope l'a importée de l'Asie en Europe. Les plus célèbres fabulistes sont : Lockman, que quelques personnes confondent avec Ésope ; Bidpai, Phèdre, La Fontaine, qui a effacé tous les fabulistes modernes ; Pignotti chez les Italiens, Gay chez les Anglais, Gellert et Lessing chez les Allemands, etc.

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